Le nombre des accidents du travail dans le secteur du bâtiment est en nette régression, a relevé hier Ahmed Bengaoud, président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (Uneb). Citant des statistiques élaborées par l'Organisme de prévention des risques professionnels du bâtiment et travaux publics (Oprebatp), Ahmed Bengaoud nous a indiqué que le nombre de décès a régressé en 2008 par rapport à 2007. Il est passé de 59 à 18 accidents mortels durant les périodes comparées. Même en termes de cas de blessures graves, il indique qu'ils ont baissé également pour passer de 69 en 2007 à 34 en 2008. Quant au nombre total des accidents sur chantier, il est également en régression puisqu'il est passé de 185 à 143 entre 2007 et 2008. Ahmed Bengaoud explique le recul du nombre d'accidents sur les chantiers par le fait que «les entrepreneurs et les travailleurs sont plus conscients des risques au niveau des chantiers et prennent les mesures nécessaires». Pour ce qui concerne les contrôles effectués par les inspecteurs du travail sur chantier, plus de 7000 sorties ont été effectuées durant l'année 2008 contre 12 100 en 2007. Le secteur du bâtiment et des travaux publics enregistre le nombre le plus élevé en termes de décès. Les statistiques de l'Oprebatp révèlent que le tiers des décès dus aux accidents du travail provient de ce secteur, particulièrement sur chantier. Un chantier est un «guêpier», disent les professionnels, d'où la nécessité d'accorder une attention particulière dans le cadre de la formation dispensée dans les centres et instituts, aux cours de prévention et sécurité. Les mains sont les plus exposés aux dangers, a-t-on indiqué, en poursuivant qu'il s'agit beaucoup plus de fractures des os du poignet et des phalanges chez les manœuvres du secteur du bâtiment. Les pieds viennent en seconde position, poursuit-on, en expliquant qu'il s'agit soit de chute d'objets manipulés ou de machines et outils. Les traumatismes du tronc et surtout de la colonne vertébrale (dorso-lombaires) occasionnés par le port de charges lourdes sont très fréquents chez les salariés des travaux publics et bâtiment. Parmi les raisons qui occasionnent ces accidents, Ahmed Bengaoud reproche à la fois aux employeurs et aux travailleurs «l'absence de professionnalisme». Ils ne sont pas conscients des dangers qu'ils encourent, a-t-il regretté. Les travailleurs refusent de porter les tenues de sécurité en avançant des motifs insensés comme «les gants sont lourds». Ils enfreignent les règlements et consignes de sécurité mis en place par les employeurs, relève Ahmed Bengaoud. Un passage dans quelques chantiers permet, en effet, de remarquer que le port de casque, de chaussures de sécurité et de gants n'est pas respecté par la majorité des travailleurs. De leur côté, certains chefs de chantier, «préoccupés par le gain rapide», témoigne Ahmed Bengaoud, engagent des travaux sans équiper les chantiers des moyens de sécurité nécessaires. Il a reconnu que les entreprises de ce secteur ne disposent pas de moyens pour assurer la sécurité des travailleurs sur les chantiers. «Les entrepreneurs n'appliquent pas les conditions de prévention des accidents du travail», a-t-il regretté, citant à l'occasion la nécessité d'installer les sanitaires et les sources d'approvisionnement en eau potable au niveau des chantiers. Et pourtant, remarquera le responsable, «les dépenses consacrées à la sécurité des travailleurs se traduiraient par des gains pour l'employeur».