Ni l'importation d'un million de tonnes de ciment, effectuée au cours du 4e trimestre 2009, ni les intempéries, encore moins la baisse de la demande n'ont eu d'impact sur le prix du ciment qui ne cesse de grimper ces derniers jours. Les utilisateurs demandent une enquête au niveau des cimenteries. Cette constante hausse a pénalisé les entreprises de bâtiment et a engendré un ralentissement, voire un arrêt total des projets. Comme s'attendaient des opérateurs du secteur, l'importation n'a fait qu'alimenter le réseau des spéculateurs. L'importation qui devait être pourtant une solution d'urgence n'a fait qu'aggraver la situation. Pour les prochains mois encore, le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a annoncé une nouvelle importation de 3 millions de tonnes. L'autre tentative du ministère du Commerce de réguler le marché du ciment à travers la fixation des marges bénéficiaires n'a pu avoir les résultats escomptés puisque les prix demeurent élevés et la différence entre le prix sortie usine et celui pratiqué par les grossistes se creuse et est multiplié par trois, au grand bonheur des spéculateurs. Les opérateurs du bâtiment revendiquent la création d'une commission au niveau du ministère du Commerce, qui se chargera d'enquêter au niveau des cimenteries et de divulguer ceux qui provoquent cette pénurie qui dure depuis une année, a proposé Ahmed Bengaoud, président de l'Union nationale des entrepreneurs de bâtiment (Uneb). Selon lui, au rythme actuel, le ciment connaîtra d'autres hausses dans les prochains mois, d'où l'urgence d'une intervention de l'Etat pour stopper cette spéculation. Après avoir été obligés d'arrêter leurs projets, un grand nombre d'entreprises est menacé de faillite. En l'absence de statistiques fiables, M. Bengaoud a affirmé que beaucoup d'entreprises à travers le territoire national accusent un déficit en ciment. Pour Réda Amrani, expert en industrie, la demande pourra être satisfaite par l'augmentation des capacités actuelles de production. Plusieurs cimenteries ont la possibilité d'augmenter les capacités de production en créant de nouvelles lignes de production qui produiront un million de tonnes chacune. Au total, les capacités de production nationale pourront passer à 24 millions de tonnes, a-t-il prédit. Le recours à l'importation est perçu par certains spécialistes comme un frein à l'investissement dans la filière en Algérie. Pis encore, le ciment importé est plus coûteux que celui produit localement, car ce dernier bénéficie des avantages des coûts réduits de l'électricité et du gaz qui sont soutenus par l'Etat.