Alors que le gouvernement exclut une révision des prix de l'électricité, le PDG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, a demandé, hier, une révision des tarifs, estimant que son entreprise ne peut plus supporter la situation actuelle. «Ce n'est pas possible de continuer avec les prix actuels», fortement subventionnés, a déclaré Bouterfa sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Selon lui, il faut avancer «ce rendez-vous» au terme du duquel l'Algérie sera amenée à réviser les prix de l'électricité. «Je demande une augmentation des tarifs», a-t-il dit, car il y a «des logiques à mettre en place». Il a appelé les autorités à «se déterminer», en versant une subvention d'exploitation ou en augmentant les tarifs. Sonelgaz fait face, selon lui, à un déficit de 80 milliards de dinars (800 millions de dollars) à cause des prix qu'elle est obligée de combler grâce à des emprunts. En plus de cet effort, l'entreprise fait face à un pic d'investissements qui se poursuivra jusqu'en 2017. Au-delà, le niveau d'investissement reviendra «à la normale», a-t-il dit. En termes de solution à ce problème, Bouterfa n'a pas dérogé à la règle, en réitérant son appel à la libéralisation des prix. Selon lui, il faut faire payer l'électricité à son prix réel. Il propose, dans ce sens, de procéder par étapes en augmentant, dans un premier temps, la tarification pour les industriels qui consomment près de 20% de la production nationale. «Si on prend la clientèle haute tension, elle achète son énergie à 2,2 DA alors que le coût de revient est à 3 DA», regrette-t-il. Revenant sur les plans d'investissement engagés par la Sonelgaz, l'invité de la Chaîne III a déclaré que «l'Algérie est aujourd'hui l'un des rares pays qui investissent dans la production d'électricité». Pour donner une image sur cette tendance, il a indiqué que son entreprise a réalisé en 5 ans «l'équivalent de ce qui a été réalisé en 50 ans». Le patron de la Sonelgaz a récusé les critiques «infondées» du privé national sur le recours aux importations au détriment de l'entreprise locale. Chiffres à l'appui, il dira que «pour la distribution, plus de 80% des équipements sont achetés localement. Les transformateurs et les câbles sont achetés en Algérie. Pour ce qui est du transport, les pylônes que nous utilisons sont fabriqués en Algérie». Le taux d'intégration le plus faible est enregistré dans le segment de production et la Sonelgaz veut l'augmenter de 20 à 80 %, a déclaré Bouterfa. «Les énergies renouvelables ne sont pas ma priorité» D'autre part, Bouterfa s'est montré très réservé sur les énergies renouvelables, affirmant que les investissements prévus dans ce secteur ne sont pas du ressort de Sonelgaz. «Ce n'est pas ma priorité», a-t-il déclaré, expliquant qu'il se préoccupe plus des investissements nécessaires pour répondre aux besoins du marché algérien. «Des investissements massifs ont été décidés dès 2012. Ils s'étalent sur cinq ans, et portent sur 20 milliards d'euros en vue de rattraper le retard. Cela a déjà permis de franchir le pic de la demande de 12 200 mégawatts cet hiver. Mais il faut aller encore plus loin pour disposer d'une marge de 20%, ce qui n'est pas encore le cas», a-t-il indiqué. Interrogé sur des éventuelles coupures électriques cet été, Bouterfa n'a pas vraiment rassuré. «Actuellement, on est dans une phase transitoire. La situation va se stabiliser d'ici 2016 ou 2017. Je souhaite qu'il n'y ait pas de coupures cet été», a-t-il simplement répondu.