L'Union européenne a-t-elle encore un avenir ? Soutenu par la majorité de ses concitoyens, David Cameron était, depuis vendredi, à Berlin pour s'assurer du soutien d'Angela Merkel à son plan sur une réforme profonde du Traité européen (conclu fin 2009 à Lisbonne). L'escale de Berlin est la plus importante du périple qui a conduit le Premier ministre britannique en Hollande, en France et en Pologne pour expliquer à ses pairs le «bien-fondé» des réformes qu'il veut pour l'Union européenne. Celles-ci visent à limiter, notamment, la libre circulation des personnes et la limitation des droits des immigrés à l'intérieur de l'Union. La démarche britannique est accompagnée d'une menace qui a le mérite d'être claire. Le Royaume-Uni sortira de l'Union européenne si son projet est rejeté par Bruxelles. David Cameron l'a redit hier à Merkel, en ne laissant planer aucun doute sur cette condition qui est à la base du soutien qu'il reçu de ses compatriotes. La chancelière allemande l'a encouragée dans son initiative pour que le Royaume-Uni reste dans l'espace commun et non pas parce qu'elle partage toutes les conditions qu'il pose. Or, le soutien allemand est contesté parmi les autres pays qui comme la Pologne risquent de faire les frais du projet britannique, qu'il soit ou non accepté en l'état. Accepté en l'état signifie que des dizaines de milliers de Polonais ne pourront plus se rendre au Royaume-Uni pour chercher du travail. Déjà que la même mesure prise par la Suisse, pays associé à l'espace Schengen, a touché dans son application, en priorité, les Polonais. La libre circulation des ressortissants de l'UE étant l'un des piliers de l'Union européenne, on voit mal ce qu'il en restera du projet européen. Déjà qu'il est question de faire sortir la Grèce de l'euro, sortie que la majorité des Allemands envisagent pour leur pays. La question qui se pose aujourd'hui est la suivante : le Royaume-Uni réussira-t-il à imposer ses ambitieuses réformes au Traité de Lisbonne ? La réponse est «oui», car tout le monde est convaincu que l'Union européenne ne peut pas supporter, voire même se faire sans le Royaume-Uni (dont la manie est la livre sterling). La plus grande puissance financière d'Europe est, avec l'Allemagne, le plus grand bailleur de fonds pour les pays du Sud. Pour des raisons inverses à celles de la Grèce, ses citoyens sont majoritairement acquis à l'idée de ne plus faire partie de l'Union européenne. La négociation sera difficile Le Premier ministre britannique est rentré dans son pays, plutôt satisfait du soutien allemand, et en même temps conscient que son projet n'enthousiasme pas le reste des «28». La négociation sera donc très difficile pour trouver un compromis autour de la question fondamentale de la libre circulation des personnes et de la limitation des droits des immigrés qui est la préoccupation majeure, non seulement des Britanniques, mais aussi des Allemands, des Français ou des Espagnols. La réaction des gouvernements de la grande majorité des pays européens au plan de la répartition des «quotas» des réfugiés se trouvant en Grèce et en Italie, est globalement négative. Un pays comme l'Espagne dont le quota est de 11% des réfugiés en attente d'une affection vers d'autres pays de l'UE soutient qu'il ne peut pas recevoir plus de demandeurs d'asile. Pourtant, c'est le pays de l'UE qui, en 2014, n'avait accepté que 1000 demandes d'asile sur les dizaines de milliers de dossiers qui lui ont été présentés par les étrangers pourchassés dans leurs pays d'origine par les conflits et les guerres, comme en Syrie, en Irak ou en Erythrée. Si les pays de l'Union européenne ne sont pas en mesure de se mettre d'accord au moins sur l'un des principes majeurs de leur diplomatie, la question des droits de l'homme, dont le droit d'asile, tout le problème est alors de savoir sur quel pilier reposera le projet commun, sachant que l'autre pilier, l'euro, est chaque fois plus fragilisé, même en cette période de reprise timide de la croissance dans le Vieux continent.