Dans le contexte actuel de la baisse des revenus pétroliers, le partenariat algéro-français se présente comme une opportunité à saisir. Les participants ayant eu à intervenir hier lors des «Rencontres Algérie», organisées par Business France à Paris, ont fortement plaidé pour l'intensification des échanges et des investissements entre les deux pays. Les chiffres communiqués à cette occasion confirment le poids des liens économiques et humains entre les deux Etats. L'ambassadeur d'Algérie en France, Amar Bendjama, a salué, lors de son intervention, l'étape atteinte par la coopération algéro-française, en soulignant que «depuis l'indépendance de notre pays, il n'y a pas eu autant de visites politiques et d'affaires entre l'Algérie et la France». Le diplomate algérien, qui s'est dit heureux de ce niveau de coopération, affirme que les deux Etats ont su surmonter les difficultés et créer un climat propice au profit des hommes d'affaires et des investisseurs. La mise en œuvre des structures de suivi des projets en commun et des relations politico-économiques est là, appuie-t-il, pour confirmer cette donne. Remerciant au passage les autorités françaises, notamment Jean Pierre Raffarin, l'ex-responsable du dossier France-Algérie au sein du gouvernement français, l'ambassadeur a invité les investisseurs français à venir en Algérie, où la croissance demeure robuste en dépit de la baisse des cours pétroliers. «Le gouvernement algérien a pris des mesures pour booster la production nationale. Notre politique vise à la ré-industrialisation du pays et à favoriser les IDE ainsi que les projets à valeur ajoutée, de joint-venture et de colocalisation. La situation financière de l'Algérie demeure confortable permettant aux banques de soutenir les projets d'investissement.» De son côté, Bernard Emié, l'ambassadeur de France à Alger, a confirmé le degré «extrêmement positif» atteint par les relations franco-algériennes ces trois dernières années. Le ministre des Affaires étrangères et de développement international, Laurent Fabius, a effectué six visites officielles en Algérie en l'espace de trois ans, a tenu à rappeler le diplomate français. Tout en évoquant une «interdépendance économique» entre les deux Etats, l'ambassadeur français a communiqué des chiffres illustrant cette densité des rapports. Elles sont de 7000 entreprises françaises exportatrices vers l'Algérie et 1200 sociétés adhérentes à la Chambre de commerce et d'industrie algéro-française, plus qu'à Londres où le nombre est de 800. La France est le 2e partenaire commercial de l'Algérie et le volume des échanges commerciaux dépassera les 11 milliards d'euros cette année. En termes d'investissements, les Français sont considérés comme le premier investisseur avec un chiffre de 100 000 emplois créés. S'agissant des flux humains, M. Emié a évoqué le nombre de 350 000 visas accordés aux Algériens durant l'année 2014, sachant que 250 000 Français sont venus en Algérie pour la même période. Pour un partenariat bénéfique pour les deux parties Le président du Forum des chefs d'entreprises, Ali Haddad, intervient dans le même sens en invitant les entreprises françaises à investir massivement en Algérie. Présentant les atouts du marché algérien, notamment la santé économique et financière, le désendettement, ainsi que la nouvelle politique industrielle, Ali Haddad croit fort et bien à la solidité des relations et à la co-localisation. «Nous partageons avec nos amis français l'histoire commune, la langue et la géographie. Il n'y a pas d'obstacles à la naissance d'un partenariat bénéfique pour les deux parties», affirme-t-il convaincu que les obstacles se dressant sur les deux rives sont surmontables. Dans le même ordre d'idées, les patrons de Cevital, Issad Rebrab et de l'entreprise «Benamor», Laid Benamor soutiennent l'idée de la colocalisation, en ce sens qu'elle permet de dépasser le caractère commercial qui a longtemps dominé les relations économiques vers celui de l'investissement. Sur ce point, Issad Rebrab défend ses projets de rachat d'entreprises à l'étranger, surtout dans les pays européens. «Ces acquisitions ont permis à Cevital d'acquérir un savoir-faire, des brevets d'invention et des technologies de production moderne. Grâce à ces projets, nous allons créer des usines en Algérie pour fabriquer des produits sous le label international», a-t-il argumenté. Le P-DG de Cevital compte atteindre le chiffre de 2 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures d'ici 2017. Cet optimisme des chefs d'entreprises est partagé par le nouveau représentant spécial pour les relations économiques franco-algériennes, Jean-Louis Bianco, qui a indiqué que 492 entreprises algériennes ont été créées en France. «Nous sommes dans une phase de complémentarité et de co-investissement. L'Algérie sera dans l'avenir la porte de la France en Afrique subsaharienne», lance-t-il.