Que peut bien le destin lorsqu'un piéton traverse une route laissant la passerelle...A l'appel de leurs noms, les parties du procès d'un homicide involontaire s'avancent. La veuve d'abord est confinée dans un silence inquiétant. Elle se met bien à droite de l'inculpé, un pauvre gars père de famille qui n'a pas encore compris comment il a pu renverser un gaillard d'un quintal et haut telles quatre tables basses l'une au-dessus de l'autre. Le pauvre malheureux a juste le temps d'écouter Nadia Amirouche lire de larges passages du PV de constat du sinistre. La première question lui permet de retrouver ses esprits. - Inculpé, où s'est passé l'accident, à quelle heure ? mâchonne la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Hussein Dey. - Au-dessous d'une passerelle sur la voie rapide Bordj El Kiffan - Alger, au niveau de la gare routière du Caroubier. Il était environ vingt-trois heures lorsque j'ai cru avoir renversé un tonneau vide. Je n'avais pas tout de suite saisi ce qui m'était arrivé. Quelques dizaines de mètres plus loin un pressentiment a fait que je gare sur ma droite descende de voiture et ce que je vis sur la route éclairée me glaça. Je vis un corps inerte au milieu de la chaussée. J'ai eu un haut -le-cœur et faillis chuter. Mais une grosse main rugueuse me retient par le cou ‘'monsieur, vous venez de tuer un homme'', me dit une voix anonyme. Je reviens au niveau du sinistre, des automobiles s'étaient arrêtés et ce grâce à un volontaire qui faisait de grands gestes, signifiant un éventuel accident, donc de réduire la vitesse. - «Et vous rouliez à combien. Réfléchissez bien car nous avons sous les yeux le PV de police», demande la juge. - «Cent cent-dix pas plus...» - «Non un peu plus. C'est bon. Pensez-vous ne l'avoir vraiment pas vu ?» insiste la magistrate juste pour être fixée sur l'état d'esprit de l'automobiliste inculpé d'homicide involontaire. Il baisse la tête et va devoir répondre à une ultime question de Zahia Houari, la procureur de l'audience du mardi. «Vous aviez dit un peu plus tôt avoir cru renverser un fût vide. Et quand bien même, pourquoi ne pas avoir stoppé pour, au moins vérifier l'état du véhicule ?» L'inculpé répond que c'est arrivé très vite et que de toutes les façons, il n'avait pu se souvenir de rien avec le choc arrivé dans la nuit avec la mer à droite et la gare routière à gauche. Houari demande une peine de prison avec sursis juste après que la veuve eut poussé un cri inhumain. La juge la comprend. Elle prend acte de la procédure à suivre autour des frais des funérailles, des dommages et intérêts, l'assurance de l'inculpé étant à jour heureusement.