Moscou et Berlin se sont engagés à contribuer au lancement d'un dialogue national entre Kiev et les représentants du sud-est de l'Ukraine sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a rapporté hier le ministère russe des Affaires étrangères. «Les chefs de la diplomatie (russe et allemande, Sergueï Lavrov et Frank-Walter Steinmeier,) ont exprimé leur empressement à contribuer au lancement sous l'égide de l'OSCE d'un dialogue d'égal à égal entre les autorités de Kiev et les représentants du sud-est de l'Ukraine et ce, dans le but de concilier les démarches pratiques en conformité avec le communiqué de Genève», a déclaré la source dressant le bilan d'un entretien téléphonique entre les deux ministres. D'après le ministère, Sergueï Lavrov a également évoqué la nécessité d'utiliser le potentiel de l'OSCE pour arrêter l'opération spéciale lancée par Kiev dans la région de Donetsk et de respecter l'accord de Genève lors d'une conversation téléphonique avec le président suisse Didier Burkhalter. Le 17 avril, les représentants de la Russie, des Etats-Unis, de l'Union européenne et de l'Ukraine ont adopté à Genève un document sur la crise ukrainienne, appelant les belligérants à renoncer à la violence, à l'extrémisme et à la provocation, à désarmer les groupuscules clandestins, à libérer les bâtiments occupés illégitimement et à entamer un dialogue national sur la réforme constitutionnelle. Depuis vendredi matin, les forces ukrainiennes mènent de vastes opérations spéciales dans la ville de Slaviansk, dans la région de Donetsk, impliquant des hélicoptères et des blindés de l'armée régulière. Le but de l'offensive est de réprimer les militants réclamant la fédéralisation de l'Ukraine que Kiev qualifie de «terroristes». Samedi, le secrétaire du Conseil de la sécurité nationale Andreï Paroubiy a fait savoir que Kiev envisageait d'étendre l'opération spéciale à d'autres régions du pays. La Douma appelle l'Europe à condamner le génocide Dans ce contexte, la Douma a appelé les autorités des pays européens à condamner le génocide en cours en Ukraine et à traduire en justice tous ceux qui ont aidé la junte à arriver au pouvoir à Kiev, a déclaré à RIA Novosti le vice-président de la chambre basse du parlement russe, Sergueï Jelezniak. «Quant aux événements tragiques qui se déroulent actuellement dans l'est et le sud de l'Ukraine - à Odessa, à Slaviansk et dans d'autres villes et villages du pays - les autorités des Etats occidentaux non seulement ferment les yeux sur les crimes en masse et sur le génocide visant les civils ukrainiens, mais encouragent par leurs déclarations les commandos armés et les services spéciaux à poursuivre des meurtres», a indiqué l'homme politique. Selon lui, la Russie a moult fois prévenu que toute «coquetterie» avec le nazisme et le fascisme, toutes les tentatives de l'Occident de justifier les actes de la junte arrivée au pouvoir en Ukraine pouvaient aboutir à un lourd bilan des victimes. D'après M. Jeleznyak, la débauche des nationalistes radicaux en Ukraine risque de déraper et de se propager à l'intérieur de l'UE. «Nous exigeons que les autorités européennes non seulement condamnent le génocide contre les civils en Ukraine, mais qu'elles traduisent en justice ceux qui ont favorisé l'arrivée de la junte fasciste au pouvoir en Ukraine», a-t-il noté. Pas de Russes parmi les insurgés «Il n'y a pas de Russes au sein des militants de la fédéralisation de l'Ukraine défendant la ville de Slaviansk», a rapporté un correspondant du journal américain New York Times ayant passé une semaine dans le lieu du déploiement de la 12e compagnie de la milice populaire de la République populaire de Donetsk. «La compagnie est armée des mêmes armes que les militaires ukrainiens et les forces spéciales de l'Intérieur déployées près de la ville», indique-t-il avant de préciser qu'il s'agit principalement de fusils d'assaut Kalachnikov, de pistolets Makarov, de fusils de précision Dragunov, de mitrailleuses légères et de lance-grenades antichar. D'après les militants, si les services spéciaux russes les aidaient, ils disposeraient d'armes plus sophistiquées et modernes. Les insurgés ont en outre démenti être payés par qui que ce soit, écrit le journal. «Pour les gars siégeant à Kiev, nous sommes des séparatistes et terroristes. Mais pour les habitants locaux nous sommes les défenseurs», a fait savoir le commandant de la 12e compagnie se présentant comme Iouri. Les militants ont en outre avoué acheter des armes aux militaires ukrainiens corrompus, indique le New York Times.