Si le printemps rime avec le retour du soleil et la renaissance, celui de 2009 a la particularité d'ajouter à cela des bilans : celui des 365 jours de Medvedev au Kremlin, précédé des 100 jours d'Obama à la tête du pays le plus puissant de la planète marqués par le changement de ton diplomatique et un remodelage sans modification profonde de la sécurité américaine aux lendemains des attentats de 2001 aux Etats-Unis C'est le 7 mai que Dimitri Medvedev a bouclé un an de gouvernance au pays des tsars secoué par la crise économique mais aussi par les deux conflits qui l'ont opposé à la Géorgie et à l'Ukraine. Sujets qui, bien que mettant dos à dos la Russie avec l'Occident, a encore une fois rappelé le rôle et le champ d'action de l'ancien patron du bloc soviétique. Comme pour Obama avec Bush, les observateurs de la scène politique russe n'ont pas pu s'empêcher de comparer et d'établir un lien entre Medvedev et Poutine, ce dernier en tant que prédécesseur mais aussi maître de Medvedev. Le développement, l'innovation et la réflexion, maîtres mots du nouveau patron du kremlin Medvedev dont la campagne électorale a reposé sur le slogan «Liberté, c'est mieux que pas de liberté», a-t-il apporté plus de liberté à la Russie ? Oui répondent les uns avec notamment les changements apportés à la Constitution russe qui a réduit le nombre minimum d'adhérents qu'un parti doit réunir pour se présenter aux élections. Assurer des mandats individuels aux candidats dont le parti n'a pas atteint les 7% nécessaires. Le quorum a été revu à la baisse, à savoir de plus de 5%. Il s'agit pour le directeur de l'institut des études politiques russe, Sergueï Markov, d'un signe révélateur du renforcement du pluralisme et de la concurrence. Pour d'autres, il s'agit de basses rectifications apportées à la première loi du pays faites pour écarter les citoyens de la politique officielle en réduisant ses occasions de voter et donc de choisir ses représentants. Pour Medvedev, c'est tout simplement le résultat de la politique des quatre I (institutions, investissements, infrastructures et innovations) que Medvedev compte «mener à bien», a-t-il déclaré lors de l'un de ses discours, en ajoutant «une 5e composante», a-t-il précisé «l'intellect». S'agit-il du même intellect qui a amené le nouveau maître du Kremlin vers des ouvertures inédites comme une interview au journal d'opposition Novaïa Gazeta alors que quatre ans auparavant, lorsqu'il était premier vice-Premier ministre, la presse comme l'opposition russe étaient bâillonnées ? Plus loin est allé Medvedev dans ses innovations. Il a limogé l'ancien patron du Gouvd (direction principale des affaires intérieures, l'équivalent de la police judiciaire, ndlr) moscovite 48 heures après le carnage dans un supermarché perpétré par un officier de police qui, pris de démence et en détention d'arme illégale (l'arme n'appartenait pas à l'officier et était recherchée depuis 2000), a tué trois personnes et blessé 6 autres. Cette décision première du genre a fait du 3e président russe un dirigeant populaire dans son pays qui n'est pas habitué à ce genre de démonstration musclée présidentielle. A l'échelle internationale, dans le sillage de son mentor, sa position n'a pas changé sur le dossier iranien. Moscou garde toujours une position ambiguë, alors que sur le dossier afghan et en dépit de ses désaccords avec l'alliance transatlantique, notamment au sujet de la Géorgie, cependant pour ce qui en est du transit de matériel militaire vers l'Afghanistan, par le territoire russe ou anciennes Républiques soviétiques d'Asie acquises à la Russie, l'ancien maître du bloc entend coopérer avec Washington plus par souci de leadership dans la région que par souci de sécurité internationale et aussi pour faire renoncer à Washington son projet de bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque . Bref ! Un programme méticuleux et étalé jusqu'à 2020 qui révélera si le poulain de Poutine a bien pris le pli imposé par son Premier ministre ou à le surpasser ? Affaire à suivre.