Dans les communes de Bab El Oued et de La Casbah, le moindre espace urbain est bon pour improviser un match de foot. Tout le monde pratique le sport roi dans les rues, les placettes et les jardins publics.L'état des lieux prête à la réflexion. Que ce soit à Bab El Oued ou à la Basse Casbah, toutes les places publiques sont devenues des terrains de football. Les jeunes habitants de ces deux communes du centre-ville de la capitale s'adonnent ainsi à leur sport favori, quitte à pervertir le sens et la vocation des jardins publics et placettes urbaines. Aucun endroit n'échappe à cette pratique du sport surtout durant les fins de semaine. Le phénomène a gagné de l'ampleur précisément dans la commune de Bab El Oued. A l'intérieur des quartiers, les stades de proximités (quand ils existent) et les rues sont transformés en stade de foot. Les jeunes et les enfants disputent ces espaces aux hommes et même aux personnes âgées. L'intérêt que portent les jeunes au sport roi est grand. Pour preuve, toutes les placettes aménagées entre les plages El Kettani et R'mila sont occupées par les footballeurs. «Avant, c'était tout le monde qui jouait dans l'ancien stade Marcel Cerdan. Comme ce dernier n'est pas accessible actuellement, les jeunes s'arrangent comme ils peuvent», affirme un père de famille rencontré à l'entrée du parking sous-terrain d'El Kettani. A la place du stade Marcel Cerdan, la wilaya fait construire actuellement le stade de proximité Ferhani. Le chantier a été inauguré par le président de la République, courant 1999, et les travaux sont toujours en cours. Le projet a connu des hauts et des bas : initialement, le stade était doté de 13 500 places. Dix ans après, sa capacité d'accueil a été réduite à 3500 places. Les habitants n'ont pas une idée précise de l'affectation future de cette infrastructure alors que la direction de la jeunesse, des sports et des loisirs de la wilaya affirme que Ferhani ne sera pas ouvert aux compétitions officielles des championnats nationaux. En parallèle, le Mouloudia local, une équipe sans domicile fixe, revendique cette enceinte pour abriter ses séances d'entraînement… Les jeunes n'ont pas attendu que les autorités se fixent définitivement sur l'affectation de ce nouveau terrain pour s'adapter à l'absence des espaces de loisirs expressément aménagés à cet effet. «La seule solution, c'est la rue», assure à juste titre ce père de famille résidant au quartier Malakoff. Toutefois, les gens ne se défoulent pas uniquement dans la rue. En fait, la partie inférieure du jardin Taleb Abderrahmane de Bab El Oued accueille sur ses bancs les joueurs de domino, qu'ils soient vieux ou jeunes au moment où les enfants courent dans tous les sens en piétinant sur les endroits gazonnés du jardin. Dans l'esplanade d'en face, un groupe de jeunes très bruyants pratiquent le foot au milieu des promeneurs. Il leur arrive de leur lancer le ballon en plein visage. Les automobilistes de passage se sont aussi habitués à recevoir des tirs de balle sur le pare-brise. «Allah Ghaleb !» s'excuse-t-on à chaque fois. En contrebas de l'esplanade, l'APC de Bab El Oued a fait aménager, en 2007, un terrain matico et un boulodrome. Le terrain matico, qui devrait être utilisé par les joueurs de basket ou de hand, a été transformé en stade de football. Le boulodrome n'a pas échappé à ce délire footballistique. Un phénomène similaire se produit également à la Basse Casbah. Dans l'esplanade de la plage Qaâ Essour, les jeunes s'arrangent pour occuper les lieux. A la différence de Bab El Oued, les footballeurs de la vieille ville délimitent les cages des gardiens à l'aide des… sacs poubelles !