Khadidja K. est avocate. Elle poursuit son mari devant le tribunal territorialement compétent pour non-payement de la pension alimentaire. Elle a eu gain de cause en première instance, mais son mari qui n'est autre qu'un ancien diplomate, récidive et nargue celle qui l'a pourtant aidé à faire de lui ce qu'il est devenu, selon ses dires. Le mari a été convoqué hier, par la cour d'Alger pour répondre de ses actes qui n'honorent guère son statut, ainsi que celui de sa femme qui avait honte devant ses collègues. «Ce n'est pas de gaieté de cœur que j'ai actionné cette affaire, mais c'est la vie. Croyez-moi, j'ai honte. Je me sens souillée». Et d'ajouter «depuis 18 mois que j'essaye de procéder au règlement de cette situation à l'amiable, en vain, il ne veut plus m'écouter. Il me chasse dès que j'évoque le sujet». Exposant sa situation financière, la magistrate déclare : «Je suis dans une situation très confortable, j'élève mes enfants convenablement, ils ne manquent de rien mais son apport serait un plus. Et si au moins il se faisait du souci pour eux. Il ne vient même pas les voir». L'accusé est appelé à la barre. Il est lessivé par la juge qui regrette un tel comportement de la part d'un haut cadre de l'Etat, de surcroît représentant du pays sur la scène internationale. L'accusé s'excuse en s'appuyant sur les impératifs de travail qui l'éloignent de ses enfants. «J'aurai bien voulu être avec eux et les voir grandir mais, Allah ghaleb, la charge et le rythme de travail ne me laissent plus le choix». La juge l'interroge «Cela fait combien de temps que vous n'avez pas honoré le paiement de la pension ?» «Je ne me souviens pas, une année peut être». Vous voyez, une année que votre femme prend en charge vos trois gosses comme s'ils sont ses enfants à elle seule ! reprend la magistrate. Ce qui ajoute de l'eau à la boue est l'état déplorable de la maison où logent la femme et ses enfants. «C'est devenu insupportable, je ne peux même plus prendre ma douche, c'est une vieille bâtisse qui se dégrade de jour en jour et mon ex-mari est au courant de cet état de fait, mais il n'a jamais réagi» explique encore la victime. Le parquet quant à lui a requis 6 mois de prison ferme contre le mari indélicat ainsi qu'une amende de 20 000 DA. Après délibération la juge a rendu son verdict : 3 mois de prison avec sursis et une amende de 20 000 DA, ainsi que le payement de la pension alimentaire.