Le pauvre papa est détenu sur une plainte de madame l'ex-épouse, venue d'ailleurs à la barre verser son «venin», à telle enseigne que maître Letlat, l'avocate du papa, s'est franchement emportée, allant jusqu'à demander l'aide de Khouaouna, la juge, pour la tenir en respect. L'inculpé de non-paiement de la pension alimentaire avait une très mauvaise mine debout dans le box, à trente centimètres de Nouredine Sayeh, le procureur attentif. L'ex, elle, coquettement vêtue, s'est encore plainte du délaissement du papa de ses enfants.«Il n'est jamais venu à la maison de mes parents», a-t-elle déclaré, avant que maître Letlat, véritablement en colère, ait ramené un autre son de cloche. Elle a si bien plaidé la cause de ce papa détenu, ô comble, après des poursuites que madame l'ex l'avait interrompue à plusieurs reprises avant que la présidente ne la rappelle à l'ordre et sèchement. Selon l'avocate, qu'avait à gagner la victime en expédiant à Serkadji le père de ses enfants. «Madame, le mal vient de vous et de votre famille !», s'était exclamée l'avocate, qui avait remercié au passage l'élégante question du procureur, qui avait eu une idée lumineuse avant de passer aux demandes du ministère public : «Madame, le parquet serait fixé si vous pouviez nous informer si vous vous désistez, car la loi est claire.» La réponse de l'ex-dame, très coquettement vêtue et élégamment maquillée, aura été à la hauteur de la haine qui l'habite : «Il n'est jamais venu à la maison !» Sayeh a donc compris et que par conséquent il ne restait plus qu'à réclamer une peine de prison qui verra madame l'ex-épouse gonfler ses maigres joues de... plaisir. Elle est venue le voir au box et voulait le voir repartir à Serkadji. Seulement voilà, si madame l'ex-femme était venue manger de l'ex-mari, elle ne s'attendait nullement à la sortie de l'avocate bien préparée mentalement car elle va non seulement retourner l'ex mais aussi surprendre Khadidja Khouaouna, cette présidente que l'on évoque souvent à tort péjorativement, et Nouredine Sayeh, qui a dû se délecter de l'action maléfique de madame la victime, que maître Samira Letlat présentera comme une femme vengeresse, dénuée de tout sentiment noble. «Madame la présidente, vous avez le pouvoir d'exiger le paiement de la pension alimentaire refusée par cette dame. Mon client a plus que la somme attendue», s'était presque écrié le défenseur qui allait clôturer sa plaidoirie par un sec et cinglant : «Non, madame, mon client, votre ex-mari, le père de vos enfants, est un honnête homme, l'envoyer en prison ne le diminuera jamais et toute cette action n'est pas à votre honneur.» Il ne restait plus à Khouaouna, la juge du siège, qu'à mettre l'affaire en examen. Si nous devons aller vers un pronostic, c'est de vous informer que pour l'ex-époux, les affres de la détention étaient passés car son avocate avait fait le «ménage» dans et sur le moral de madame. La seconde madame, elle, était dans un état je ne vous le dit pas.