Dans cet entretien, Abdelmadjid Menasra, fondateur du Mouvement de la prédication et le changement (MPC) se dit confiant quant à la survie de son Mouvement. Il revient sur les différents aspects de cette formation en indiquant que son statut sera décidé lors du conseil consultatif prévu pour le mois de juin prochain. Le Temps d'Algérie : Quelles sont les véritables raisons qui vous ont poussé à créer le Mouvement de la prédication et du changement, le MPC? Elles sont énumérées dans la déclaration de constitution du Mouvement, avec à leur tête les différents dérapages des dirigeants du MSP de la ligne tracée par le défunt fondateur cheikh Mahfoud Nahnah. Nous avons tenté de mener un mouvement de redressement au sein du parti mais nous avons constaté que nos efforts étaient vains. Autre raison : l'éloignement du MSP de la société. Et quand un parti ignore les besoins de la société, il finit par perdre tous ses militants. Votre but principal ? En tant que mouvement, je pense que nous avons un devoir envers la société en matière de préservation des constantes de la nation et de la participation dans la bataille pour la paix, la démocratie et le changement. Pour ce faire, il faut qu'il y ait des mouvements et des partis capables de mener ce changement devant s'opérer d'une manière graduelle. Certes, le chemin est encore loin, mais nous tenons à nos positions et au changement dont le principal acteur reste la société. On vous prête l'ambition de lutter pour un Etat islamiste… L'Algérie est un Etat islamique. La proclamation du 1er Novembre ainsi que toutes les Constitutions algériennes, depuis 1963, sont inspirées de l'Islam, religion de l'Etat.Mais il y a certaines pratiques qui sont contraires à l'Islam. Nous allons œuvrer dans le cadre de la loi, mais en respectant les principes religieux. Par exemple, le débat autour du code de la famille doit être dans le cadre de l'Islam. Les laïques sont des traîtres par rapport à nos martyrs qui se sont sacrifiés pour l'Islam et pour la Nation. Toutefois, nous sommes contre un Etat islamique sans démocratie, sans élections, ou encore un Etat où la discrimination à l'égard de la femme est flagrante. L'Islam est une religion de tolérance, de liberté, de citoyenneté et de multipartisme. Il est loin de toute ségrégation et injustice. Donc il faut libérer la notion d'un Etat islamique de toutes ces accusations. L'Islam ne s'intéresse pas uniquement à l'individu mais aussi à la famille, à la société et à la Nation. Où en êtes-vous actuellement ? La première étape était celle de la concertation et du débat au sein du MSP. A partir de là, nous avons constitué le noyau du MPC avec les militants convaincus de nos positions. Actuellement, nous sommes en phase de structuration du Mouvement au niveau des communes et wilayas. Nous avons déjà entamé 10 wilayas et le reste se fera dans les deux prochaines semaines. La prochaine étape sera la préparation du dossier juridique qui sera soumis au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales pour l'obtention d'un agrément. Pour quand, justement ce dépôt? Juste après la tenue du conseil consultatif prévu au mois de juin prochain, instance qui définira le statut du MPC. Actuellement, nous avons trois possibilités : le présenter comme association, comme parti politique ou encore comme association et parti politique. Nous pouvons opter pour l'agrément d'une association et, par la suite, l'élargir à un parti politique. Mais la décision reviendra au conseil consultatif. A présent, nous nous intéressons beaucoup plus aux militants qu'au statut du Mouvement. Et si cet agrément ne vous est pas accordé ? Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a déclaré dernièrement qu'il attribue des agréments aux partis conformes à la loi, et c'est tout à fait naturel. Nous sommes dans un Etat de droit et je ne pense pas que le ministre de l'Intérieur refusera de nous délivrer un agrément car nous nous œuvrons dans le cadre de la loi. Mais il nous reste à choisir entre une association et un parti politique ou les deux à la fois. Combien de militants compte actuellement le MPC ? Le nombre augmente de jour en jour. Nous avons dépassé les 15 000 personnes, toutes issues du MSP. Les dirigeants du MSP annoncent qu'il n'y a pas de démission de ses militants… Nous, nous ne nous inscrivons pas dans la logique de guerre des chiffres et je ne veux pas entamer ce débat. Ce qui est important pour nous, c'est le travail sur le terrain. Etes-vous confiant quant à la survie de votre Mouvement, sachant que les citoyens sont de plus en plus désintéressés de la chose politique ? Ce désintérêt peut s'expliquer par des circonstances bien définies, et les partis politiques ignorent les revendications et les aspirations des citoyens. Le peuple réclame un changement et c'est pour cette raison que nous voulons créer ce mouvement. Le désespoir est à l'origine de la violence et de l'extrémisme, et nous luttons contre le désespoir au sein de notre société. Pour cela, nous avons préparé un nouveau programme avec une nouvelle dynamique, notamment pour la jeunesse qui constitue la force de l'avenir. Notre priorité est de nous intéresser plus à la société qu'au pouvoir. Le maillon faible est la société et non pas le pouvoir. Nous sommes conscients de la situation de notre Etat et de ses problèmes socioéconomiques, politiques, et des différents courants de la société. C'est sur la base de toutes ces données que nous avons créé le MPC. Nous allons œuvrer pour le changement et le règlement des problèmes de notre société. Nous ne sommes pas un mouvement sur papier, mais un mouvement basé sur des convictions et des objectifs précis et communs. Entretien réalisé