Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est depuis, hier, à Washington pour sa première visite officielle à Washington, sa première sortie à l'étranger également depuis son élection, en février dernier. Les observateurs de la scène politique du Proche-Orient n'attendent rien de cette visite, car le premier ministre de droite israélien a, en fait, déjà tout dit avant d'accéder à ce poste. On le sait farouchement hostile à la création de deux Etats, l'un palestinien, l'autre israélien, vivant côte à côte en paix, comme c'est dans la «Feuille de route», signée par ses prédécesseurs à Annapolis. D'ailleurs, la première visite de Netanyahu a été précédée par celle de son ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman dans un certain nombre de pays de l'Union européenne, où si rien n'a été dit, c'est que tout a été dit. Par ce silence sur la question fondamentale, Tel-Aviv ne voulait laisser planer aucun doute sur ses intentions. Pas une seule fois les deux principaux dirigeants israéliens n'ont fait référence au processus de paix israélo-palestinien sinon pour évoquer des objectifs sans rapports avec la solution attendue par la communauté internationale. Aide au développement des territoires de l'Autonomie, programme nucléaire iranien et Hamas. «Brouiller les cartes» Obama sait que son interlocuteur n'aura pas d'autre choix que de ne pas le contrarier à la Maison-Blanche, même par un refus net et clair de l'engagement des Etats-Unis en faveur de la création de deux Etats, comme unique solution de nature à ramener la paix dans la région. Demain, au cours de sa réunion avec le président des Etats-Unis, Netanyahu tentera de brouiller les pistes pour ne pas avoir à exprimer ce que son interlocuteur attend de lui. La sécurité d'Israël, rien que la sécurité d'Israël, voilà ce que le premier ministre israélien est allé défendre à Washington. La menace iranienne sera donc sa principale revendication qui ne laissera plus de place à la principale préoccupation qui est celle de l'application de la «Feuille de route». Quelle sera alors la réaction d'Obama dont on connaît la position sur la question du Proche-Orient en général et du processus de paix israélo-palestinien en particulier ? Certains observateurs laissent entendre que le président américain est déjà suffisamment contrarié par les déclarations répétées de Netanyahu et de son ministre des Affaires étrangères au sujet de la «Feuille de route». George Mitchell, l'envoyé spécial d'Obama pour le Proche-Orient, et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton lui ont fait des rapports assez pessimistes sur les intentions du gouvernement israélien après leurs premiers contacts avec les nouveaux dirigeants d'Israël. D'autres pensent que cette première rencontre au sommet entre les Etats-Unis et Israël sera la première à dévoiler la portée des divergences entre Washington et son plus important allié au monde sur le Proche-Orient, où l'Amérique est impatiente d'engager son fameux projet pour cette région. Une seule alternative pour Obama : la pression sur Israël Obama a certes rencontré le président Shimon Peres, récemment, à la Maison-Blanche et aurait eu droit à un scénario qui n'est pas celui que l'on craint : Israël est en faveur du processus de paix, dira Shimon Perez. De la «poudre aux yeux» ? Sans doute. Cette rencontre relevait, en fait, de la simple courtoisie et Obama n'est pas dupe. Il sait que l'ex-leader travailliste n'a aucun poids politique sur l'échiquier israélien. C'est ce lundi qu'Obama saura si les nouveaux dirigeants israéliens se sentent ou non liés par les engagements de leurs prédécesseurs. S'ils veulent ou non la paix. Concrètement s'ils ont la volonté politique de cesser les implantations juives en Cisjordanie. Du coup, la balle sera, dès mardi, dans le camp de la Maison-Blanche dont le chef n'aura alors qu'une alternative : faire pression sur Israël. Faute de quoi, sa crédibilité d'abord et celle des Etats-Unis n'auront plus grâce aux yeux des Arabes, des Palestiniens et de la communauté internationale.