Le nombre de marchés informels éliminés par les pouvoirs publics ne dépasse pas 30% des marchés recensés au niveau national. Beaucoup reste à faire, selon l'union des commerçants, qui plaide pour l'intervention de toutes les administrations publiques, notamment la Banque centrale et les collectivités territoriales. «L'éradication du commerce informel ne relève pas du ministère du Commerce ou de la Sûreté nationale ; c'est l'affaire de toutes les autorités», a souligné hier au forum d'El Wassat le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulanouar. «Il faut tracer une politique économique pour mettre fin définitivement au commerce informel qui nuit à l'économie nationale», a-t-il ajouté. Pour lutter contre les pratiques informelles, M. Boulanouar a mis l'accent sur l'urgence d'instituer l'obligation du chèque pour les transactions commerciales et l'établissement de factures entre professionnels, «ce qui peut réduire le commerce illicite à 50% et permettra de renforcer le contrôle au niveau des marchés de gros et des usines de production», a-t-il expliqué. L'intervenant est revenu sur les raisons qui encouragent le retour des activités informelles, citant le nombre de registres du commerce jugé insuffisant. «170 000 registres du commerce ont été délivrés à l'échelle nationale, ce qui est très peu pour les 40 millions d'habitants», a-t-il dit. Le porte-parole de l'UGCAA a appelé à cet effet le ministère du Commerce à faciliter l'octroi du registre du commerce et à cibler les activités commerciales selon les besoins de la population. Il a fait savoir que «le secteur informel est dominé par des barons qui imposent leurs lois pour commercialiser des produits non conformes à la loi en vigueur». Il avance comme argument les produits pyrotechniques commercialisés chaque année ainsi que les pièces détachées d'automobiles contrefaites qui sont à l'origine de plusieurs accidents. L'intervenant a également cité le montant de devises qui circule dans les marchés informels et qui s'élève, selon lui, à plus de 5 milliards de dollars. «Ce montant avoisine le coût de 50% des importations alimentaires», a-t-il déploré, ajoutant que «70% des transactions de blanchiment d'argent se font dans le cadre de l'informel».
Implication des communes Abordant le retour en force des étals de l'informel, Hadj Boulanouar a indiqué que cela est dû à la fermeture des marchés déjà livrés, mais surtout à l'échec du programme présidentiel de renforcement du réseau de distribution prévu dans le plan quinquennal 2010-2014. Les points de vente informels éradiqués à la faveur de l'opération lancée en août 2012 ont repris de plus belle. «En 2012, les ministères de l'Intérieur et du Commerce ont lancé une opération de suppression des marchés informels. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait lui-même annoncé l'éradication complète de ces espaces avant le Ramadhan de l'année 2013. Nous constatons que tous les revendeurs ont réinvesti les espaces publics cette année-là et ces derniers mois», a-t-il estimé. L'incapacité des autorités locales à juguler le phénomène, la fermeture d'espaces de vente légaux, l'échec du projet présidentiel de renforcement du réseau national de distribution sont derrière le retour en force de l'informel. «Sans l'implication des communes, il est impossible d'éradiquer le commerce informel. Plusieurs espaces de vente sont inoccupés à ce jour. Les walis doivent donner des instructions aux APC pour l'exploitation de ces espaces qui permettront la création de postes d'emploi et de faire baisser les prix», relève-t-il en demandant au ministère des Finances de faciliter l'octroi d'assiettes de terrain pour la réalisation des marchés. Le plan national de renforcement du réseau de distribution prévu au plan quinquennal 2010-2014 connaîtrait un taux de réalisation de 30% à fin 2014. «Le programme était prévu dans le programme du Président de 2009 et dans son plan quinquennal lancé l'année d'après. Il devait être complètement achevé fin 2014. Sur les 30 marchés de gros prévus, 3 ou 4 seulement ont été livrés», signale le porte-parole de l'UGCAA. S'agissant de la hausse des prix des fruits et légumes, le conférencier a expliqué cela par l'absence totale de coordination entre le ministère de l'Agriculture et le ministère du Commerce. «Les agriculteurs ne sont pas informés des besoins des populations dans les différentes wilayas, ce qui explique l'indisponibilité de produits dans quelques régions et la hausse des prix», a-t-il dit.