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«Il faut arrêter de forer, jusqu'à ce qu'ils aient des techniques propres» Hassina Zegzeg, membre du collectif anti-gaz de schiste d'In Salah, au Temps d'Algérie :
Le Temps d'Algérie : Vous êtes engagée contre l'exploitation du gaz de schiste à In Salah. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous êtes opposés à l'exploitation de cette énergie ? Hassina Zegzeg : Il y a de cela une dizaine d'années, nous étions confrontés presque au même problème avec l'exploitation du gaz naturel. C'était lorsque la compagnie britannique British Petroleum (BP) était venue à In Salah pour exploiter le gaz naturel. Les responsables de cette compagnie nous ont alors assuré que toutes les précautions liées à la préservation de la santé publique et de l'environnement ont été prises. Ce n'était pas le cas puisque les employés de BP n'ont pas réussi à l'élimination du CO² qu'ils ont fini par réinjecter dans le sous-sol endommageant ainsi la nappe fossile d'In Salah dont il faut souligner qu'elle n'est pas renouvelable. Aujourd'hui, avec le gaz de schiste, la situation s'annonce plus dramatique encore. L'exploitation du gaz de schiste est nuisible pour la santé et l'environnement de la région. Plusieurs pays dans le monde ont abandonné l'exploitation de cette ressource, notamment l'Allemagne, le Québec et la France. Si l'Algérie persiste dans sa position d'explorer le gaz de schiste, cela ne peut s'expliquer à mon avis que par le forcing étranger qu'exercent les multinationales sur notre pays pour accélérer le processus d'exploitation de cette énergie à haut risque. D'autre part, à In Salah, nous avons le taux d'ensoleillement le plus élevé dans le monde. Pourquoi alors ne pas recourir à l'exploitation de l'énergie solaire au lieu d'investir dans le gaz de schiste que je qualifie d'écocide et de génocide. De plus, si je milite aujourd'hui pour l'annulation du projet du gaz de schiste, je suis d'abord et avant tout solidaire avec mes concitoyens d'In Salah qui, en dépit du dénuement auxquels ils sont confrontés au quotidien, ont fait l'impasse sur toutes autres revendications sociales pour exprimer une seule doléance, celle de stopper l'exploitation du gaz de schiste. Beaucoup de femmes ont adhéré aux manifestations anti-gaz de schiste ; comment expliquez vous ce fait et que répondez-vous à ceux qui disent que les protestataires d'In Salah sont manipulés ? Qu'on dise que nous sommes manipulés, cela ne m'étonne pas du tout ! On nous a tellement habitués à entendre que les protestations des gens du Sud et même des autres régions du pays sont le fruit de la main étrangère. Ce dont je suis profondément outrée, c'est plutôt le mépris affichée jusque-là par les autorités du pays à l'égard des citoyens d'In Salah qui entament leur troisième semaine de protestation pacifique conte le gaz de schiste sans que leur cri de détresse ne soit encore entendu et pris en considération par les pouvoirs publics. Quant à l'adhésion des femmes dans les mouvements de manifestation, je dis simplement qu'il est des traditions d'In Salah de s'unir et de se solidariser lorsqu'un malheur guette cette localité. De plus, nous avons fait du porte-à-porte pour les convaincre des dangers pouvant émaner de l'exploitation du gaz de schiste, ce qui explique leur mobilisation en force dans le cadre d'un mouvement spontané Des experts sont venus expliquer aux populations d'In Salah que l'exploitation du gaz de schiste est exempte de tout danger pour leur santé... Les enfants d'In Salah sont aussi experts en gaz de schiste. Nous savons que le sud algérien regorge de cette énergie. Nous ne sommes pas contre son exploitation et nous exigeons seulement que les techniques qui seront utilisées dans ce domaine soient les plus adéquates. Il faut arrêter de forer et ce, jusqu'à ce qu'ils aient des techniques propres. A défaut, la contestation va se poursuivre et il n'est pas exclu qu'elle va se généraliser à l'intérieur des entreprises énergétiques implantées dans le région et qui comptent parmi leurs employés beaucoup de citoyens d'In Salah.