Après avoir présidé en 1979 une première conférence sur le désarmement sous la houlette de l'actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, puis en 2000 une autre conférence sur la non-prolifération, l'Algérie est de nouveau appelée à présider la conférence du désarmement qui se tient à Genève depuis lundi. Une conférence d'intérêt mondial d'autant plus que, comme l'a souligné Medelci, «la conférence sur le désarmement est indûment bloquée depuis 12 ans». Cette fois-ci, l'Algérie ne s'est pas contentée de présider une conférence. Elle y est allée avec une initiative susceptible, non seulement de relancer le processus, mais aussi de «débloquer» certaines situations que vit actuellement le monde en la matière. En témoignent les satisfecit du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et de Mme Calmy-Rey, et l'adhésion de plusieurs pays à la démarche algérienne après moult consultations que notre pays a entreprises avant de lancer son initiative. En quoi consiste l'initiative algérienne ? Elle s'articule, selon le ministre des Affaires étrangères, autour de deux axes principaux : le premier est la constitution de 4 groupes de travail alors que le second axe a trait à la désignation de 3 coordinateurs spéciaux. S'agissant des groupes de travail, le premier intitulé «Cessation de la course aux armements nucléaires et désarmement nucléaire» vise à échanger des vues et des informations sur les mesures pratiques qui pourraient être prises pour aller systématiquement et progressivement de l'avant en vue de réduire le nombre d'armes nucléaires. Il doit, expliquera Medelci, «se préoccuper de la cessation aux armements, de manière plus claire du désarment nucléaire». Celui-ci sera associé à l'autre groupe qui aura pour mandat de négocier un traité interdisant à l'avenir la production fissile (uranium hautement enrichi) pour la production de l'armement nucléaire. Ceci sur la base du document de la conférence du désarmement (CD/1299 du 24 mars 1995) et du mandat qui y est énoncé. Le 3e groupe aura à prévenir la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. Important pour nous, a expliqué Medelci, parce qu'il faut «éviter que demain l'armement nucléaire ou d'autres types d'armement ne viennent à gagner des espaces qui dépassent l'atmosphère». Le quatrième et dernier groupe «Arrangements internationaux efficaces pour garantir les Etats non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes» examinera toutes les questions relatives à ce sujet afin d'élaborer des recommandations. «Il va essayer de déboucher sur un accord qui permettra aux pays qui ne sont pas dotés de l'arme nucléaire d'avoir toutes les garanties pour ne pas les subir», a expliqué hier Medelci, avant d'ajouter : «Ce sont donc ces 4 groupes et qui ont des mandats différenciés qui vont devoir se mettre en place, si la conférence le décide.» Le deuxième axe de la démarche algérienne repose sur la nomination de 3 coordinateurs. Le premier «coordinateur spécial» se chargera de solliciter les membres de l'instance onusienne sur la question des nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive et des armes radiologiques. Les deux autres coordonnateurs nommés s'occuperont du «programme global de désarmement» et de la «transparence dans le domaine des armements». L'ensemble des groupes de travail présentera ainsi à la conférence des rapports avant la fin de la session. Rappelons que le plan algérien est soutenu par la conférence des pays non-alignés, des pays membres de l'Organisation de la conférence islamique ainsi que du groupe arabe à la 3e session du comité préparatoire de la conférence d'examen du TNP à New York et de nombreux Etats. Même les Etats-Unis, habituellement «hostiles» à ce genre de propositions, semblent adhérer «sur le principe à la démarche globale».