Il est connu que durant les périodes de chaleur, les intoxications sont très fréquentes, d'autant que l'hygiène n'est pas souvent au rendez-vous. Qu'en est-il des restaurants universitaires ? Comment expliquer ces intoxications récurrentes dans les campus enregistrées ces derniers temps ? Selon le directeur de l'amélioration des conditions de vie de l'étudiant à l'Office nationale des œuvres universitaires (Onou), Djamel Zellagui, le problème des intoxications dans les campus est rarement lié à la nourriture présentée dans les restaurants universitaires, car les étudiants se nourrissent aussi dans les gargotes, les épiceries et les fast-foods du coin. Ce qui augmente les risques d'intoxication dans les espaces estudiantins. De plus, l'intoxication est souvent psychiquement transmise d'un étudiant à un autre. «Une intoxication ébruitée induit la peur chez certains étudiants qui ne sont même pas touchés mais se présentent quand même en se plaignant et en se tordant aux urgences médicales». Ce qui gonfle le nombre d'étudiants supposés intoxiqués. «C'est comme une tache d'huile. Si une dizaine d'étudiants sont malades, une centaine est enregistrée à l'hôpital», ajoute-t-il. M. Zellagui fait allusion à l'intoxication des 193 étudiants de la faculté de Constantine. Il estime que cette affaire pourrait être liée à la consommation de pâtisseries livrées par le fournisseur habituel qui, vraisemblablement, ne travaille plus dans les mêmes conditions d'hygiène. «Nous saurons de toute façon incessamment l'origine de cette intoxication. Le plat témoin servira à faire éclater la vérité.» Notre interlocuteur nous explique que le plat en question est placé quotidiennement dans un congélateur spécial qui sert à éclairer en cas d'intoxication, gardé pendant 48 heures (parfois 72 heures lors des grandes chaleurs) et soumis éventuellement à des analyses de laboratoire. Les provisions proviennent de sociétés ou de particuliers sélectionnés. Les produits sont contrôlés par les services d'hygiène dès leur livraison au niveau des universités. En plus de ces mesures d'hygiène, d'autres mesures, selon notre interlocuteur, sont prises afin de veiller sur la santé des étudiants. Alors que les normes exigent qu'un médecin ne doit pas prendre en charge plus de 1000 étudiants, nous en sommes à 800. 583 médecins exercent dans les universités à travers le territoire national, ce qui est largement suffisant pour une bonne prise en charge, selon le même responsable. Les syndicats estudiantins, quant à eux, considèrent le problème des intoxications dans les universités comme une réalité régulièrement vécue. Abdelhamid Athmani, chargé de presse de l'Union générale estudiantine libre (Ugel) estime qu'il y a de nombreuses causes à cela, notamment le manque de contrôle d'hygiène, la non-qualification des employés de cuisine et de contrôleurs d'hygiène, et bien entendu la fréquence des avaries liées aux périodes de chaleur. «L'assiette de l'étudiant n'est pas contrôlée. Nos appels sont restés vains à plusieurs reprises. Notre action syndicale se résume à des manifestations, des sensibilisations, des réclamations et des rapports qui ne sont pas pris en considération par les administrations», a-t-il affirmé en nous confiant que dans bien des cas, ils conseillent à l'étudiant de recourir à la justice. De plus, le comité d'étudiants qui peut contrôler entre autres les conditions de travail dans les cuisines n'est pas reconnu dans la majorité des universités, selon notre interlocuteur. «A ma connaissance, il n'y a que dans les universités de Ouargla, de Béchar et de Constantine que les administrations confient le contrôle alimentaire aux comités d'étudiants». D'où le manque de transparence et la complicité entre des contrôleurs d'hygiène et les administrations universitaires. De plus, le non-respect des normes mentionnées dans les décrets administratifs est flagrant. «La qualité et la quantité de la ration présentée à l'étudiant sont loin d'être aux normes. Quand on sait que la consommation de protéines se résume à des charcuteries, des œufs et des fromages (rarement de la viande), l'on se demande si l'étudiant algérien se nourrit convenablement. Les pâtes, le riz et les féculents sont bons pour la santé, mais les légumes et les viandes sont tout aussi importants», souligne notre interlocuteur. «Il faudrait que les administrations respectent ce qu'il y a dans le programme alimentaire réservé à l'étudiant», conclut-il.