La Libye s'enlise dans le chaos. La note d'espoir représentée par le lancement d'un nouveau round de dialogue engagé mardi dernier à Genève, en présence des représentants du CGN, est assombrie par une récente déclaration faite par le Premier ministre, Abdallah el-Theni, qui s'est dit prêt à démissionner. Le Premier ministre du gouvernement reconnu par la communauté internationale a annoncé mardi son intention de démissionner lors d'un talk-show télévisé alors qu'il essuyait les critiques de citoyens en colère. «Si ma démission est la solution, alors je l'annonce ici», a déclaré le Premier ministre qui a précisé qu'il la présenterait dimanche au Parlement. Lors du talk-show, Abdallah Theni a dû faire face à une série de récriminations de téléspectateurs sur l'incurie de son gouvernement, incapable d'assurer des services de base comme l'électricité ou de mettre fin à l'insécurité dans les zones sous son contrôle. Le gouvernement de Abdallah Theni, qui avait échappé à une tentative d'assassinat en mai à Tobrouk (est), a également été accusé de corruption durant l'émission. La démission éventuelle en ce moment alors que des pourparlers sont engagés à Genève pour trouver une solution à la crise libyenne pourrait être catastrophique pour l'avenir de ce pays puisqu'elle maintiendrait le chaos régnant en maître depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, avec des combats sanglants entre groupes armés rivaux, deux gouvernements et Parlements qui se disputent le pouvoir et la montée en puissance de l'organisation terroriste Daech. Les membres du gouvernement de Abdallah El-Theni, ainsi que ceux du Parlement issu des dernières législatives, ont dû fuir vers l'est du pays après la prise durant l'été 2014 de la capitale Tripoli par la coalition de milices Fajr Libya, est-il rappelé. Un gouvernement parallèle installé Un gouvernement parallèle, non reconnu par la communauté internationale, a été installé à Tripoli et le Parlement précédent (Congrès général national, CGN) y a été rétabli. L'émissaire de l'ONU en Libye Bernardino Leon mène depuis plusieurs mois des négociations avec les deux parties en vue d'obtenir un accord pour un gouvernement d'union nationale. Un nouveau round s'est donc engagé mardi à Genève, en présence des représentants du CGN, pour tenter d'obtenir un accord. Les réunions de mardi se sont déroulées entre l'émissaire de l'ONU et les différentes factions séparément. Bernardino Leon a dit espérer réunir tout le monde autour de la même table. «Nous espérons que cela se produira ce soir ou demain», a-t-il dit mardi. Des obstacles avaient, précédemment, empêché l'aboutissement d'un accord. Le CGN ne signera aucun accord prévoyant le maintien du général Khalifa Haftar à la tête de l'armée, a averti Mohammad Ali Abdallah Addarrat, président du parti du Front national libyen, qui siège au Parlement de Tripoli : «Il n'y aura aucun accord si le général Haftar doit diriger une armée en Libye». L'émissaire de l'ONU ne baisse pas les bras dans sa tentative d'arriver à un accord qui permettrait le retour de la paix en Libye, mais les obstacles persistent. L'éventuelle démission du Premier ministre libyen alors que des négociations se déroulent à Genève constituerait un des obstacles. La multitude de milices armées et les affrontements empêchent tout retour à la paix. La disponibilité d'armes et de munitions dans ce pays n'a pas favorisé la réinstauration de la sécurité. Daech est venu compliquer davantage la situation en occupant carrément des localités libyennes et en perpétrant des attentats contre des militaires et des civils. Cette organisation terroriste tire profit de la détérioration des situations sécuritaire et politique en Libye, comme elle est bénéficiaire des affrontements qui opposent différentes milices dans ce pays. La réconciliation entre les protagonistes en Libye qui semble actuellement difficile à obtenir est mise à mal par les tortures pratiquées sur des fils de Mouammar El Kadhafi, et leur condamnation à la peine capitale par la justice libyenne. En effet, un tribunal libyen a condamné à mort en juillet de l'année en cours Seif al-Islam Kadhafi, ainsi que huit autres personnes. Le tribunal siégeant à Tripoli, où règne une coalition de milices en partie «islamistes», a notamment condamné à mort le dernier Premier ministre de Kadhafi, Baghdadi al-Mahmoudi, et son ex-chef des services de renseignements, Abdallah Senoussi. Une vidéo qui a fait le buzz sur Internet a, d'autre part, montré une torture qui aurait été pratiquée sur Saâdi Kadhafi. «Les autorités libyennes responsables de l'établissement pénitencier al-Hadba à Tripoli doivent immédiatement enquêter sur les mauvais traitements présumés de détenus, dont Saâdi Kadhafi», a indiqué l'organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué. Le chaos en Libye provoqué par l'ex-président français Nicolas Sarkozy continue à menacer ce pays et l'ensemble de la région.