Le déficit de huit milliards de dollars de la balance commerciale au cours des sept premiers mois de 2015 et la baisse de la valeur du dinar, aggravés par le net recul des recettes pétrolières, n'amèneront pas le gouvernement à réduire les différentes subventions. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a réaffirmé, hier, qu'aucune révision des subventions des produits de large consommation n'est prévue. L'ancien président de l'Abef et expert financier avait, pourtant, dans le passé prôné un aménagement des subventions en cas de chute des cours du pétrole sous la barre des 65 dollars. Il avait même considéré par le passé que le budget de fonctionnement contient un lourd montant destiné à la politique sociale et aux subventions. M. Benkhalfa, en tant que membre du gouvernement, aura donc rangé ses idées dans le tiroir. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, il a souligné qu'aucun pays «n'est à l'abri d'une crise économique», suite à la chute des prix du pétrole. L'expert et le ministre Néanmoins, il a tenu un langage rassurant quant à la situation financière du pays. Contrairement à d'autres pays, y compris du pourtour méditerranéen, «l'Algérie a échappé à une crise frontale et évité le choc». Tout en suggérant de «traiter» la situation, il notera : «Nous ne subissons pas de choc frontal, car nous n'avons pas de dettes et nous disposons d'épargne institutionnelle.» Pour faire face à la chute du prix du baril, la solution est, selon lui, «l'optimisation de l'utilisation des ressources». Le ministre mettra en avant «le fort potentiel de croissance» et la nécessité d'optimiser les ressources du pays afin de préserver l'épargne institutionnelle. Loin du spectre de l'endettement extérieur, M. Benkhalfa a, pour l'heure, éloigné la possibilité d'y recourir. «Nous ne sommes pas arrivés à ce stade», a-t-il noté, renouvelant son appel pour que tous les acteurs bancarisent leur argent. «La bancarisation des ressources est une solution adaptée à la situation économique de notre pays», a-t-il justifié. A propos de la baisse de la valeur du dinar, le ministre a expliqué que «ce n'est pas le dinar qui a baissé mais le dollar qui a fortement augmenté». Le dinar, poursuit-il, «ne s'apprécie pas par des mesures de tarification mais par des mesures de compétitivité économique». Pour que le dinar se relève, il faut que l'économie soit compétitive. La baisse de la valeur de la monnaie nationale n'est pas propre à l'Algérie puisque «toutes les monnaies ont reculé par rapport au dollar». Le ministre dira dans ce sens faire confiance à l'ingénierie de la Banque d'Algérie qui fait un travail de prospective très important. «Nous avons une marge de manœuvre. Il faut optimiser les moyens pour rationaliser les dépenses, réduire le niveau de surconsommation, de gaspillage et de contrebande et mobiliser les citoyens autour d'une croissance forte», a-t-il recommandé. Il demande aussi aux entreprises d'activer pour substituer les importations. «Des mesures financières sont prévues pour toutes entreprises qui s'installeront dans la substitution aux importations», a-t-il annoncé. Baisse d'impôts aux investisseurs Des mesures d'ordre financier et fiscal ont été décidées, visant à atteindre un taux de croissance élevé. La loi de finances complémentaire 2015 et la prochaine loi de finance 2016 privilégieront 16 filières émergentes qui font de la substitution aux importations. Ces mesures feront renaître le tissu de l'entreprise et le développer, a prévu M. Benkhalfa. «Ces entreprises bénéficient de 10 à 20 % en matière d'impôts, aussi bien sur l'IBS, sur la TAP, sur l'IRG, sur la TVA, sur les droits de douanes», a-t-il affirmé. «Chaque fois qu'il y a un investissement qui se fait en substitution de l'importation, on fait en sorte que l'investisseur gagne en impôt de 15 à 20% par rapport à une importation d'un produit qui vient de l'extérieur et cette voie va être encore renforcée par des mesures structurelles», a-t-il ajouté.