Très attendu, le tête-à-tête entre Obama et Poutine a tenu en haleine tous les participants à la 70e session de l'AG de l'ONU, les observateurs et les médias. La rencontre, au lieu des 50 minutes prévues, a finalement duré une heure et quarante minutes dans la chambre de la délégation russe. une heure et quarante minutes pour aborder plusieurs questions actuelles, et principalement discuter du conflit syrien et de la crise ukrainienne. Il faut dire que les deux chefs d'Etat ne se sont pas rencontrés depuis deux ans, peut-être est-ce la raison pour laquelle Poutine et Obama ont joué les prolongations. D'emblée, le chef de l'Etat russe a qualifié le tête-à-tête, au sortir de la rencontre, tenue à huis clos, de «franc et fructueux», selon l'agence russe Sputnik. Poutine a estimé que «des événements pareils sont pratiques». «Ils sont très productifs (les évènements, ndlr), car on n'est pas obligé de suivre le protocole et la cérémonie », a-t-il fait remarquer. «C'est au peuple de décider» Abordant le conflit syrien, Vladimir Poutine n'a pas exclu des frappes russes, non sans préciser que son pays ne participerait jamais à une opération militaire terrestre en Syrie contre les djihadistes du groupe Daech. «C'est au peuple syrien de décider du sort de Bachar El-Assad, non pas à Barack Obama ou François Hollande», a-t-il relevé, allusion faite aux positions de ces deux chefs d'Etat américain et français, qui insistent sur la destitution de Bachar Al Assad dans la résolution du conflit. Quelques heures auparavant, le chef du Kremlin avait appelé à la tribune à une «large coalition antiterroriste». Enfin, le chef du Kremlin terminera sa déclaration en affirmant que «la Russie est prête à améliorer ses rapports avec les Etats-Unis». D'autre part, un représentant de l'Administration américaine qui accompagnait le président américain à New York, a annoncé que «Barack Obama a donné un avis positif sur la possibilité de la réalisation des accords de Minsk dans les mois qui viennent lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine», selon le même média, ajoutant que «concernant l'Ukraine, le président (américain, ndlr) a confirmé au gouvernement de Kiev qu'il soutenait la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine». Le porte-parole du président américain, Josh Earnest, avait estimé la veille que «le tête-à-tête s'annonce constructif». «Je ne m'attends pas à une hostilité déclarée (…) Mais il y a des sujets sérieux que les Etats-Unis et la Russie doivent aborder». Josh Earnest précisera, selon les médias russes, que le président américain «n'hésitera pas un instant à soulever nos réelles inquiétudes sur l'attitude de la Russie en Ukraine et ailleurs dans le monde». Des concessions pour Obama ? Les médias américains suivaient également de très près ce tête-à-tête. Le New York Times, pour sa part, a jugé que le président US est acculé et doit faire des concessions. «Peu importe que cela soit pénible pour lui, le président Obama n'a pas d'autre choix que d'essayer de coopérer avec le président Poutine si on veut en finir avec la débâcle en Syrie, tout comme il a été obligé de collaborer avec la Russie pour obtenir un accord avec l'Iran», a-t-il estimé. Par ailleurs, le président français, François Hollande, était attendu hier à la tribune de l'ONU. François Hollande avait déclaré, lors de l'ouverture du débat politique à la 70e Assemblée générale de l'ONU que la transition en Syrie passait par le départ du président syrien, Bachar Al Assad. «On ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau (…) Assad est à l'origine du problème et il ne peut pas faire partie de la solution», a-t-il relevé, alors que la veille la France avait mené des frappes contre Daech en territoire syrien. Les critiques de De Villepin Abordant le conflit syrien, le journal français Le Figaro a réalisé un sondage auprès de ses lecteurs. A la question : «Etes-vous favorables à une nouvelle coalition avec la Russie et l'Iran pour lutter contre Daech en Syrie ?», 93% des Français sondés sont pour une coalition avec la Russie et l'Iran pour lutter contre Daech. Sur 50 348 participants au sondage, 93% des votants ont répondu par l'affirmative. D'un autre côté, l'ancien chef du gouvernement français, Dominique de Villepin, a vertement critiqué, hier sur BFM TV, la position défendue par la France dans la résolution du conflit syrien. En effet, Dominique de Villepin, a estimé hier qu'il n'y a «pas de solution militaire en Syrie (…) Le rôle de la France n'est pas de rentrer dans la énième coalition militaire, ce n'est pas le rôle de la France de participer à ces frappes». Pour Dominique de Villepin, le règlement de ce conflit est politique. «On ne gagnera pas la bataille contre le terrorisme à coups de bombes, a-t-il martelé. La Russie est en initiative. La France et les Etats-Unis sont sur la défensive, leur message est brouillé. Car la France n'est pas dans son rôle», a-t-il conclu. Pour l'ancien chef de gouvernement français, «le président syrien Assad est un problème pour la Syrie, mais il n'est pas tout le problème. Son départ ne règlera pas tout».