La polémique déclenchée avant-hier par l'ex-ministre de la Défense sous Chadli, membre influent du défunt Haut comité d'Etat (HCE), le général à la retraite Khaled Nezzar,en répondant à l'ancien officier de la DGSN, Khaled Ziari, promet bien des déballages. Si le général à la retraite a choisi la manière la plus forte en déversant sur son adversaire un lot d'injures à la limite du politiquement correct, M. Ziari quant à lui ne compte pas se laisser intimider. Dans un entretien téléphonique que nous avons eu avec lui hier, l'ancien officier de la DGSN et ancien responsable de la lutte antiterroriste pour la région Centre-Est est revenu sur cet échange d'amabilités avec Khaled Nezzar, promettant de répondre avec encore plus de détails sur les questions déjà soulevées. «Je ne vais pas m'attarder sur les insultes de bas niveau proférées à mon égard, mais je maintiens ma version des faits quant aux événements d'Octobre 1988, où la responsabilité de Nezzar est largement engagée», dira-t-il. «C'est indigne de la part d'un ex-haut responsable de l'Etat», se contente de dire Khaled Ziari qui revient sur l'épisode des évènements d'Octobre 1988, où il assène : «Nous (la police) avons refusé de tirer sur la foule, et le président (Chadli Bendjdid, Ndlr) a chargé Nezzar de s'occuper du rétablissement de l'ordre. Une mission qu'il ne pouvait assurer vu qu'il n'était pas formé pour cela (...) On aurait dû nommer quelqu'un d'autre pour le seconder, mais cela n'a pas été fait, d'où les dégâts humains occasionnés». Ali Tounsi ressuscité et mis en cause Revenant sur son départ de la police en 1996, cet ex-officier dit qu'il s'agit là de la suite logique d'un différend qui l'opposait à l'ancien DGSN, le défunt Ali Tounsi. «Il (Ali Tounsi, Ndlr) voulait me charger du service des affaires réservées, donc illégales, et j'ai refusé», explique-t-il avant de préciser que c'est le chef du DRS, Lekhal Ayat, qui a joué les intermédiaires entre les deux hommes. «J'avais un problème personnel avec Tounsi, et j'ai même saisi Ali Benflis (ancien ministre de la Justice sous Chadli et Chef du gouvernement sous Bouteflika, Ndlr) qui n'a rien pu faire, car Tounsi ne tenait compte d'aucune autorité», précise-t-il. Du côté de Nezzar, il y a lieu de rappeler que ce dernier a, dans une lettre publiée la veille, (lundi) traité Khaled Ziari de tous les qualificatifs, remettant ainsi en cause jusqu'à ses compétences. «J'aurais aimé que vous apportiez des critiques et des controverses à mes écrits. Mais au lieu de cela, vous palabrez et polémiquez pour rien. Vous n'affrontez pas les véritables problèmes et vous vous cachez derrière vos écrits qui n'ont rien de consistant», écrivait le général à la retraite. La justice doit s'autosaisir Une chose est sûre, cet échange entre les deux hommes semble dépasser les limites d'une simple dispute. Le retour effectué sur les affaires du passé, tant celles concernant les événements d'Octobre 1988 que celles en relation avec la lutte antiterroriste dans les années 1990, fait déborder cette polémique du cadre privé. Plus d'un parmi les observateurs de la scène estiment que la justice doit impérativement s'autosaisir et appeler à la barre les belligérants. Car, dans le cas contraire, il s'agira bel et bien de laisser la porte ouverte à bien des supputations qui portent gravement atteinte à l'image de certaines institutions, et de celle de responsables qui, malheureusement, ne sont plus de ce monde pour donner leurs versions des faits et rétablir la vérité.