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Le Dr Redouane Lamine Mekacher, président de la Commission antidopage, au Temps d'Algérie :«Il est impensable qu'on puisse se solidariser avec un athlète dopé»
Le président de la Commission nationale antidopage, le Dr Redouane Lamine Mekacher, est un pharmacien-toxicologue diplômé de la Faculté de médecine d'Alger. Il est aujourd'hui enseignant-chercheur hospitalo-universitaire, chef du service toxicologie au CHU et à la Faculté de médecine de Tizi Ouzou et chef de département-adjoint en pharmacie. Il est aussi le fondateur et le président de l'association de jeunes consacrée à la lutte contre la drogue et la toxicomanie «Sunshine». Il nous parle ici de l'activité antidopage en Algérie. Peut-on connaître le coût d'un contrôle antidopage? Il est d'environ 200 euros pour un prélèvement en compétition et de 150 euros hors compétition. A cela, il faut ajouter l'indemnité versée à l'agent contrôleur et le coût du transport par courrier aérien express. Disons que le tout revient à peu près à 300 euros par échantillon.
Qui finance ces opérations ? L'Etat, par l'intermédiaire du ministère de la Jeunesse et des Sports. L'ANAD va bientôt être créée pour suppléer la CNAD et elle bénéficiera de son propre budget pour réaliser toutes ces opérations.
On remarque que le football échappe à la CNAD... C'est vrai, mais je vous fais savoir que la Fédération algérienne de football a une vieille tradition de lutte contre le dopage. Elle effectue des contrôles depuis pas mal d'années. C'est une fédération qui est riche, qui peut donc se permettre de telles opérations, ce que ne peuvent faire les autres fédérations. D'un certain côté, elle aide la CNAD qui n'a ainsi pas besoin d'intervenir dans le football. Je tiens à vous faire savoir que le médecin fédéral de la FAF est membre de la commission de discipline de la CNAD. Mais si un jugement de la FAF concernant un cas de dopage ne satisfait pas la CNAD, celle-ci peut-elle intervenir et faire appel de la décision ? D'un point de vue juridique, oui. De toutes les manières, il y a des dispositions règlementaires imposées par l'Agence mondiale antidopage et par la Fifa. Si un jugement est estimé antiréglementaire par l'une de ces deux parties ou par les deux, il faut s'attendre à ce que ce soient elles qui fassent appel pour exiger que la sanction soit en rapport avec les nouvelles dispositions de janvier 2015. La confidentialité doit-elle être de mise dans la lutte contre le dopage ? Oui et non. Vous savez, dans des affaires de justice, vous êtes présumé innocent tant que la justice n'a pas statué sur votre cas. C'est la même chose dans le contrôle antidopage. Si vous êtes contrôlé, rien ne se dira sur votre cas tant que les premiers résultats de l'analyse ne sont pas dévoilés. Si le contrôle s'avère positif, vous avez le droit de faire appel et de demander une contre- expertise. Si celle-ci aboutit au même résultat, l'affaire est rendue publique puisqu'il y a sanction. Doit-on donner le nom des produits dopants pris par l'athlète incriminé ? Il faut le donner, car cela sert l'information et la sensibilisation. Un laboratoire algérien de contrôle antidopage est en cours de construction. Pensez-vous qu'un tel outil sera rentable ? Absolument. Si ce laboratoire venait à être équipé de toutes les commodités nécessaires à ce genre de travail, il sera plus que rentable. Une fois construit et inauguré, si ce laboratoire venait à obtenir l'accréditation de l'AMA, il deviendrait une mine d'or, car en Afrique, il n'y a qu'un seul laboratoire de ce genre et il est situé à l'autre bout du continent, en Afrique du sud.
Peut-on savoir où en est l'affaire des médicaments, dont certains contiendraient des produits prohibés achetés par la délégation de la Fédération algérienne d'athlétisme lors des Mondiaux de Moscou en 2013 ? Elle est en voie d'achèvement. Nous avons entendu toutes les personnes concernées par cette affaire et nous ferons connaître par voie de communiqué les décisions de la CNAD.
Le football a été agité par cette double histoire de dopage, notamment celle d'un joueur international qui a fait grand bruit. Quelle est votre opinion sur le sujet ? C'est dommage que ce sport, qui nous vaut tellement de satisfactions, soit frappé de plein fouet par ces deux affaires. En tout cas, elles devraient servir à éveiller les consciences pour que cela ne se reproduise pas. Ce que l'on a tendance à négliger, c'est qu'au-delà de la prise de produits prohibés, c'est sa santé que l'athlète met en danger. Je tiens à vous faire savoir que ma déception a été grande de voir que des athlètes convaincus de dopage, donc des athlètes qui ont triché, puissent bénéficier de témoignages de solidarité et de soutien.