, ce village perché sur les hauteurs d'Alger, a donné naissance et attiré les plus grands artistes depuis fort longtemps. Bien qu'actuellement, la vie y soit monotone, Bouzaréah garde tout de même une belle histoire et un peu de son air pur à condition de fuir le centre du village. Le nom de Bouzaréah tient son origine du fondateur de ce village Cheikh El Hafnaoui. Cet homme habitait une maison qui se trouvait exactement là où a été érigé l'actuel siège de l'APC. C'est justement à cause de l'ignorance d'anciens gestionnaires que la maison de Cheikh El Hafnaoui a été démolie. Les habitants de Bouzaréah des années 1960 se souviennent de Djenane El Hafnaoui dont la fille s'appelait Zourayâa (petite graine) d'où l'origine de l'appellation «Abou Zourayâa» (le père de Zourayâa) devenue Bouzaréah. Il faut rappeler que durant l'époque de Cheikh El Hafnaoui, il y a près de 300 ans, des soirées étaient organisées chez lui et à Sidi M'hammed El Mejdoub (près de l'actuel cimetière). Les descendants de ce saint patron habitent toujours la maison mitoyenne avec le petit cimetière de Sidi M'hammed Mejdouba. Qoum tara a été écrite à Bouzaréah Les anciens se souviennent bien des amandiers qui ornaient Djenane El Hafnaoui. C'est là justement que fut écrite un matin de printemps la célèbre chanson Qoum tara darahim ellouz. C'est à la vue des gouttelettes de rosée sur les fleurs d'amandiers que Cheikh Laâroussi, dont les arrière-petits-enfants habitent actuellement à Frais Vallon, fut inspiré pour écrire cette éternelle chanson sur un air andalou. C'est aussi en montant de Triolet vers Bouzaréah que Cheikh El Kebabti avait écrit à dos d'âne la chanson Saraqa el ghousnou qedda mahboubi. Mustapha El Kebabti qui était muphti d'Alger est également l'auteur de Men ybat eyraî lahbab. Il est né à Alger en 1769, et le colonialisme français l'a forcé à l'exil en Egypte où il est mort en 1860. Bouzaréah a, grâce à son air pur et sa verdure, toujours inspiré les poètes et les artistes. De son vrai nom Saïdji, Mustapha Nador est également né à Bouzaréah. Il est l'un des plus grands maîtres du chaâbi du début du siècle aux côtés de Cheikh Larbi El Meknassi. Nador n'aurait laissé que quelques enregistrements sur disque cylindrique et on peut y écouter El Harraz avec un accompagnement musical au guenber et des claquements de mains. Cheikh Sfindja dont on a commémoré le centenaire de son décès le 30 juin 2008 a aussi laissé quelques rares enregistrements. Les quelques passages qu'on a pu écouter sur un site internet dédié à Edmond Yafil nous a permis de trouver une forte ressemblance entre la voix de Sfindja et celle du chanteur chaâbi Hadj M'nouer. Quant à Cheikh Mustapha Nador, il est surtout connu pour avoir été l'un des maîtres de Hadj M'hammed El Anka qui aurait beaucoup appris de Qhiwdji, le demi-frère de Hadj M'rizek et du grand comédien Rouiched. Ksentini a fait partie d'un cirque américain Nichée sur un ensemble de collines, Bouzaréah n'a jamais cessé d'attirer les artistes. Né à La Casbah d'Alger, le grand comédien et chansonnier Rachid Ksentini a choisi ce village pour se reposer et s'inspirer. D'ailleurs, parmi ses sketches, on retrouve El Bouzeriî. Il faut noter que cet irremplaçable comédien, musicien, chanteur et parolier a beaucoup voyagé à travers le monde et a fait partie d'un cirque américain pendant quatre années. Comme le hasard fait bien les choses, Hassan El Hassani est venu habiter du côté de Baranès avec son père qui était instituteur avant de changer de maison mais toujours à Bouzaréah. La même maison, sise à Beauséjour, a vu la naissance de Cherif, brillant comique ayant refusé de suivre la carrière de son père. Le petit-fils de Boubegra, Abdelkader, est également doué pour la comédie. On peut dire aussi que la «deux-chevaux»de Hassan El»Hassani fait aussi partie de l'histoire de Bouzaréah. Plusieurs artistes de renom ont également choisi d'habiter le quartier de Hassan El Hassani. En effet, le virtuose de la guitare Mohamed S'ghir Aouali, qui a également formé plusieurs chanteurs dont Mohamed Rachid, a passé une bonne partie de sa vie dans le quartier de Beauséjour. Hamid Lerari alias Kaci Tizi Ouzou habite toujours une maison à moins de cinquante mètres de Hassan El Hassani. Le comédien Mohamed Oueniche aurait également habité ce quartier au début des années 1960. Le réalisateur et révolutionnaire Mohamed Badri a, quant à lui, décidé de finir sa carrière tranquillement dans ce quartier des hauteurs d'Alger. Des virtuoses inconnus Juste après l'indépendance, le chanteur Boudjemaâ El Ankis résidait dans une maison calme (on dit qu'elle est hantée) à l'entrée de Bouzaréah. A cette époque, Chaou Abdelkader qui réside toujours dans le quartier Deux piliers faisait ses débuts dans la chanson chaâbi. Rachid Berkani, le chanteur et musicien qui a des ressemblances avec Guerouabi, est également un enfant de ce village artistique. D'autres artistes plus ou moins connus ont fait les beaux jours de cette commune notamment les musiciens Guechout (père et fils) et le chanteur de chaâbi Aïouaz qui habitait à la Tribu (Laâmara). Le chanteur Mazouzi avait fait un grand succès avec Haylika Merouila dans les années 1960 et chante merveilleusement bien dans divers styles dont le sahraoui moderne et le charqi. Ce chanteur discret est également un virtuose du luth. Il faut dire que tous les petits quartiers de Bouzaréah regorgent de jeunes artistes. Le jeune Imène Badi, virtuose du banjo, avait accompagné Omar Mekraza alors qu'il n'avait que 16 ans. Après une carrière en Europe, Imène est revenu à Bouzaréah où il décéda il y a quelques années. Youcef Ben Amirouche qui a fait ses débuts chez Hadj M'hammed El Anka était aussi un véritable virtuose du banjo mais il a préféré mettre fin à sa carrière d'artiste dans les années 1970. . Iguerbouchène s'inspirait du Beau Fraisier Un autre artiste dont le talent est mondialement reconnu a décidé d'habiter à Bouzaréah, du côté du Beau Fraisier. En effet, Mohamed Iguerbouchène qui donnait des cours de musique à l'école normale de Bouzaréah ne pouvait choisir que ce village pour se reposer et composer ses symphonies, ses musiques de films et ses chansons de variétés dont une bonne partie a été plagiée. Iguerbouchène qui avait joué le piano pour Hitler dans l'intérêt de l'Algérie est mort en 1966 en laissant une riche collection de compositions dont une partie n'est pas exploitée à ce jour. Iguerbouchène a composé une cinquantaine de chansons, deux opérettes et des fonds musicaux d'émissions radiophoniques de Mahboub Stambouli (mon père), un autre artiste ayant passé une bonne partie de sa vie à la route de l'Observatoire à Bouzaréah. Son voisin, ami intime et compagnon d'art, Badreddine Bouroubi qui y vit toujours, était parmi les meilleurs chanteurs modernes des années 1940 et l'un des plus grands comiques du théâtre algérien de l'époque. A moins de cent mètres de ces deux artistes habitait la chanteuse devenue actrice Fettouma. Les disques 45 tours de Fettouma avaient eu de grands succès dans les années 1960 notamment Rani khayfa. Le fils de cette dernière (Sofiane) est également artiste puisqu' il joue bien de la guitare et pratique le métier de cameraman à la télévision. Le comédien Mohamed Ihammichène qu'on a vu dans des productions de la télévision habite aussi à la route de l'Observatoire. Dans chaque quartier, il y a un artiste Dans le domaine théâtral, il est dommage que de grands talents tels que Idir Aït Ouaddah, Rachid Kheloufi, Merzak Meflah, Allaoua, Sadek Ryahi et bien d'autres ne soient pas au-devant de la scène nationale. A Air de France, les frères Sergoua sont connus pour la chanson chaâbi, mais c'est Karim qui est devenu célèbre grâce à son talent et surtout à ses connaissances en arts plastiques. Dans ce domaine, on peut citer également Mme Lazreg qui est passée par l' Ecole des beaux- arts et le caricaturiste Marouf. Ali Meflah qui est un véritable dessinateur, musicien et parolier préfère lui aussi s'adonner à son art dans la plus grande discrétion. Les frères Messaoudène sont aussi d'excellents amateurs de chaâbi, mais c'est le talentueux Sidhoum dit Mamiche qui a raté une grande carrière professionnelle. Les Guellati, qui sont parmi les premiers habitants de Bouzaréah et dont les grands parents étaient parmi les fondateurs du club de football local, sont aussi touchés par la fibre de la musique andalouse puisque Yacine joue et donne des cours de violon. Il faut noter que les enfants de Bouzaréah, qui ont suivi la voie de Sfindja, Nador, Iguerbouchène et Hassan El Hassani, ne peuvent se priver d'art même s'ils n' ont pas décidé de courir derrière la célébrité.