Tous les chantiers et projets de restauration des édifices religieux et lieux de culte de la wilaya de Constantine sont à l'arrêt depuis le mois de novembre 2014. Il s'agit notamment de 19 projets, dont 14 mosquées et 5 zaouïas concernés par cette opération dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Les mosquées étaient censées être ouvertes pour la réception des délégations étrangères arabes qui demanderont à en visiter certaines, célèbres pour avoir abrité les premières réunions des Oulémas musulmans que présidait le cheikh Benbadis. L'Office national de gestion des biens culturels chargé de la restauration et de la sauvegarde des édifices culturels et religieux au niveau national avait dégagé une enveloppe financière globale de l'ordre de 7,7 milliards de DA. Architecte à la direction de wilaya des affaires religieuses et des wakfs (Darw), Mme Souissi Amina estime aujourd'hui qu'il faut tirer la sonnette d'alarme car ces sites et monuments sont livrés à eux-mêmes et il faut craindre que les intempéries ne les endommagent encore plus. «La suspension des chantiers n'a que trop duré, il faut trouver une solution en urgence», a-t-elle souhaité. L'arrêt des travaux de réhabilitation est dû à la contrainte administrative dans laquelle se sont empêtrés les maîtres d'ouvrages, notamment les services de la wilaya et la direction de la culture lors de l'attribution des marchés. En effet, ces derniers ont été attribués de gré à gré pour faire avancer rapidement les travaux, sans toutefois prendre en considération certaines dispositions du code des marchés et du code de commerce. Et c'est finalement en infraction à ces dispositions du code de commerce que les responsables locaux ont dû faire face. A préciser aussi que les chantiers en question, dont la majorité étaient tenus par des groupements algéro-espagnol, algéro-belge et algéro-français, ont interrompu leur activité parce qu'ils n'étaient pas en possession du certificat d'exercice signé par le Comité local de l'ordre des architectes (Cloa), comme le stipule la nouvelle réglementation. Les architectes font le blocus Pour sa part, Chorfi Djamel, le président du Conseil national de l'ordre des architectes a expliqué qu'il a reçu une correspondance de l'OGBEC (l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés) soulevant le problème de la restauration avec une liste d'architectes étrangers qui ont demandé un «agrément précaire et révocable», conformément à la loi sur les étrangers et la loi 94/07. Ainsi, ces groupements d'architectes montés avec des professionnels algériens attendent l'agrément de l'Ordre des architectes algériens pour pouvoir exercer. Parmi ces architectes étrangers, figurent ceux qui font partie des groupements concernés par la restauration des édifices religieux de Constantine. Le Conseil national des architectes a opposé une fin de non-recevoir à leur demande d'agrément et prévoit des poursuites judiciaires contre les architectes étrangers pour exercice illégal, selon toujours le président du conseil des architectes. M. Chorfi précisera que «le conseil national n'a pas voulu endosser la responsabilité», avant de s'interroger «pourquoi lors des opérations de restauration de Tlemcen, il n'y a pas eu recours à des étrangers». A noter que «ces architectes se cachent derrière le chef de file, l'architecte local, pour obtenir les marchés et pouvoir transférer 80% du coût de l'étude en devises fortes». M. Chorfi a précisé que le conseil national a demandé les dossiers des architectes étrangers pour vérification approfondie. «Nous sommes intervenus parce que le comité de wilaya des marché a levé la réserve», a-t-il encore soutenu. Enfin, et selon le directeur de culture de la wilaya, M. Foughali, «le problème a été soulevé et sera examiné prochainement au cours d'une réunion qui regroupera des représentants du ministère de la Culture, du ministère des Finances et des représentants de la wilaya», sans donner toutefois de date précise sur sa tenue.