L'apprentissage des langues étrangères à un jeune âge est-il un handicap pour l'apprentissage de nos langues ? C'est lors d'un colloque national intitulé «La sécurité de l'information numérique : risques et mesures à prendre», organisé à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou par le laboratoire des pratiques langagières en Algérie (LPLA), que Hassina Azaz, doctorante et enseignante à l'université Djilali-Lyes de Sidi Bel Abbès, a apporté sa réponse. Selon elle, pour promouvoir les langues maternelles (arabe et tamazight), il ne faut pas enseigner les langues étrangères à un jeune âge. Cette enseignante ajoute que la langue française a pris la place de l'arabe et de tamazight qui doivent être les premières langues parlées et utilisées chez les enfants. Hassina Azaz poursuit que l'une des mesures à entreprendre pour rendre leur statut à nos langues est de donner la priorité à l'enseignement de l'arabe et de tamazight tout en s'abstenant d'enseigner les langues étrangères à un jeune âge : «Parmi les résolutions qu'il faut adopter, la dynamisation de la langue arabe dans l'éducation. Cette langue a besoin d'être maîtrisée dès les premières étapes de l'éducation de l'enfant. L'enseignement des autres langues doit être retardé comme je l'ai déjà expliqué», a-t-elle déclaré. Rappelons que les enfants peuvent assimiler de nombreuses connaissances avant l'âge de six ans et que la langue française n'est enseignée qu'en troisième année primaire alors que pour la langue anglaise, elle ne figure dans le programme scolaire que dès la première année secondaire. Pour appuyer ses propos, la conférencière se basera sur les textes de lois relatifs aux droits des enfants, confirmés l'UNESCO en 2007 à l'occasion de la journée internationale de la langue maternelle : «Chaque enfant a le droit d'apprendre sa langue maternelle». Elle citera, par la suite, d'autres facteurs qui touchent à l'apprentissage de la langue, comme la domination de la langue française dans les moyens de communication et d'information mais aussi dans la vie quotidienne. «Nous savons que quand l'identité se multiplie, elle fragmente l'esprit, les idées se dispersent, ce qui engendre la division des nations», a-t-elle assené. Enfin, Hassina Azaz qui explique qu'elle n'est pas contre l'enseignement des langues étrangères en Algérie, tient à préciser que cela doit se faire suite à une politique éducative méthodique, basée sur des principes justes. Par Katia Chaoutene