L'initiative des 19 personnalités qui ont demandé audience au président de la République pour savoir s'il était bien l'auteur des dernières décisions irrite au plus haut point le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani. Hier, à l'occasion d'une réunion des élus d'Alger à l'hôtel Riadh (Sidi Fredj), il s'en est pris aux signataires de la lettre, ciblant en particulier la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune. «Qu'est-ce qui a amené Louisa Hanoune à réunir des personnalités et demander audience au Président ?», s'est-il demandé avant de répondre catégorique que «ce sont des intérêts personnels». Plus virulent, il tance la patronne du PT : «Elle a perdu son équilibre car ceux qui l'ont soutenue sont partis.» L'orateur fait allusion, bien sûr, à l'ancien chef du DRS, le général Toufik ainsi qu'à tous les autres généraux limogés par la présidence de la République. Le patron du FLN estime que parmi les signataires de la lettre qui demandent une rencontre avec Bouteflika, il y a ceux qui sont guidés par l'intérêt national, d'autres par l'intérêt personnel. Il soupçonne, sans accuser personne, que cette initiative a un parrain. «Ils disent que les décisions ne sont pas prises par le président et ils veulent l'auditionner. C'est une contradiction», a-t-il dit, ajoutant que la démarche des 19 sera vouée à l'échec. C'est-à-dire que le chef de l'Etat ne répondra pas favorablement à la demande. Le patron du parti majoritaire a ajouté que «Bouteflika est élu jusqu'à 2019» et que «personne n'a le droit de l'auditionner». Mieux, il conteste la qualité de «personnalités nationales» aux signataires de la demande, précisant qu'il n'y a aucun article dans la Constitution qui définit ce qu'est une personnalité nationale. A ceux qui doutent de la capacité de Bouteflika à gérer le pays en raison de son état de santé, Amar Saâdani les appellent à interroger les responsables étrangers qu'il a reçus, citant le président français, François Hollande. A souligner que les 19 personnes qui souhaitent rencontrer le chef de l'Etat soupçonnent que d'autres responsables prennent des décisions à la place de Bouteflika sans l'informer. Le RND n'intéresse plus Saâdani Interrogé sur le refus du RND d'adhérer à son initiative de constitution d'un front de soutien au chef de l'Etat, le secrétaire général du FLN a fait savoir que la position du RND n'intéresse plus son parti. «Le RND ne va pas nous conduire. Je le dis encore une fois : nous sommes la locomotive. S'il (le RND) veut adhérer à notre initiative, qu'il vienne et s'il ne veut pas, qu'il reste à sa place», a-t-il lancé. Il a précisé en outre que le projet du FLN n'exclut pas le RND ni son initiative. «D'ailleurs, a-t-il ironisé, le RND n'a pas d'initiative». «On verra qui adhérera à l'initiative du RND et qui adhérera à l'initiative du FLN», a encore ajouté Saâdani sur un ton de défi, comme si les deux projets étaient en concurrence ouverte. Selon Saâdani, 9 partis et une quarantaine d'organisations de la société civile ont adhéré à la démarche de sa formation. Le RND avait déjà tranché sa position par rapport à l'appel du FLN, précisant que le dossier est clos. Donc la dernière longue accolade entre Saâdani et Ouyahia, le 1er novembre, au Palais des nations, dans la foulée de la polémique suscitée par le rejet du RND, n'était destinée, tout compte fait, qu'à tenter de tromper l'opinion. Car, dans le fond, des désaccords profonds divisent les deux hommes et les deux partis au pouvoir. Sur un autre plan, concernant les prochaines élections sénatoriales qui auront lieu au mois de décembre prochain, il a rappelé aux élus du parti que les pratiques du passé sont révolues. «L'ère de la corruption, du clientélisme, où la connaissance du secrétaire général, d'un membre du Bureau politique ou d'un mouhafedh permettait d'être placé par la force en tête de liste, est définitivement révolue», a-t-il assuré. Amar Saâdani, qui est pressenti pour remplacer Abdelkader Bensalah à la tête du Sénat, a appelé également à la révision des lois régissant le fonctionnement des assemblées élues.