L'icône de la chanson kabyle, Idir, s'apprête à sortir un nouvel album, avec comme nouveauté, la participation de la grande vedette de la chanson française, Charles Aznavour, qui devra interpréter la célèbre chanson «La Bohème» en kabyle. C'est ce qu'a révélé, hier, le chanteur Idir lors d'une conférence de presse à l'hôtel «Les Deux Palmiers» de Draâ Ben Khedda. «Je prépare un nouvel album qui devra sortir au printemps prochain avec comme nouveauté la participation d'une dizaine de célèbres chanteurs français et européens, à leur tête le grand chanteur Charles Aznavour qui interprétera même la mythique chanson La Bohème en kabyle», a confié Idir en révélant que c'est Charles Aznavour en personne qui avait insisté pour chanter en kabyle. «Aznavour m'a confié qu'il veut chanter en kabyle car il se sentait proche de notre identité même si j'avoue qu'il a trouvé quelques difficultés à prononcer certains mot en kabyle», confie Idir avec un large sourire. Dans ce nouvel album, de nombreux autres chanteurs français dont Patrick Bruel, Maxime le Forestier et Francis Cabrel chanteront avec Idir. «C'est sur demande de ma maison d'édition que je sortirai cet album avec au menu des chansons d'auteurs français que je vais interpréter en kabyle. C'est pour une meilleure visibilité et surtout une plus large diffusion de mon prochain album que ma maison d'édition m'a suggéré d'intégrer tous ces grands noms de la chanson française», explique Idir. Questionné sur les raisons qui l'ont poussé à annoncer son refus de se produire en Algérie, Idir est revenu à nouveau sur sa principale revendication, à savoir l'officialisation de tamazight. «Il faut que les gens sachent que je ne refuse pas de chanter dans mon pays ; bien au contraire, c'est avec un grand plaisir que je me suis produit cette semaine dans différentes contrées de la Kabylie à l'occasion d'un festival local auquel j'ai été invité. Ce que je refuse par contre, c'est de chanter sous l'égide de X ou Y dans un cadre officiel tant que ma langue, ma culture et mon identité amazigh n'est pas reconnue officiellement par l'Etat algérien. Il faut que certains décideurs sachent que je suis algérien à part entière et que je veux avoir la tête haute là ou je passe», explique-t-il. «Je n'ai aucune prétention politique» «Si mes chansons existent et surtout sont aimées un peu partout à travers l'Algérie; pourquoi ne pas reconnaître mon amazighité car je suis indissociable de mon identité», s'interroge l'auteur d'Avava Inouva qui est revenu également sur la fameuse polémique suscitée à travers les médias sur son refus de participer à la célébration de «l'Année de l'Algérie en France» et à la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe». «Pour l'Année de l'Algérie en France, j'ai déclaré que je n'étais pas contre, mais j'étais loin d'être pour, car j'estime qu'à travers cette manifestation, on voulait surtout célébrer une certaine Algérie. Concernant «Constantine, capitale de la culture arabe», je n'ai pas été contacté et si j'avais été contacté, j'aurais tout simplement refusé, non pas que je suis contre Constantine en tant que ville ou bien les gens de cette cité. Bien au contraire, j'ai beaucoup d'estime pour toutes les régions d'Algérie, mais je refuse d'y participer pour la simple raison que je ne me sens pas concerné par un événement qui occulte la dimension de tout un peuple, à savoir l'amazighité», ajoute-t-il. Pour Idir, revendiquer l'officialisation de tamazight ne veut pas dire faire de la politique ou avoir des ambitions politiques. «Je ne suis pas un général de brigade. Si les autres me suivent dans ma quête pour la reconnaissance et l'officialisation de ma langue, tant mieux. Sinon, moi, je continuerai à lutter jusqu'à la fin de mes jours. Je n'ai aucune prétention politique et je ne cherche pas le pouvoir», tranche l'enfant d'Ath Yenni. Questionné sur sa position concernant la question de l'autonomie de la Kabylie prônée par le MAK et ses rapports avec le leader de ce mouvement, Ferhat Mehenni, Idir répond : «Mon identité est au-dessus des partis politiques. Contrairement à ce qui se dit ici et là, je n'ai pas rejoint Ferhat Mhenni, mais cela ne m'empêche pas d'être à l'écoute de ce qu'il dit. Il faut le laisser s'exprimer, que les gens l'entendent, saisissent son message. Ensuite, c'est au peuple de décider. Me concernant, j'ai toujours dit que je ne peux pas me dissocier de la Kabylie et pour moi, être kabyle implique que je suis algérien», tranche l'artiste.