Le projet de loi de finances 2016 inquiète le président du MSP, Abderrezak Mokri. Si le texte est adopté par le Parlement dans sa version présentée par le gouvernement, le président du MSP dit craindre ses conséquences fâcheuses pour les prochaines années. Lors d'une conférence organisée hier au siège de sa formation à Alger, Mokri a dressé un tableau sombre de la situation économique du pays dans un contexte politique délétère et une conjoncture internationale «dangereuse». Selon son analyse du projet de la LF 2016, l'orateur indique que ses dispositions impliqueront cinq grandes conséquences «graves» pour le pays. Il craint «la paupérisation du peuple», «la vente du sol et des entreprises publiques», «la mise de l'Etat entre les mains des hommes d'affaires», «l'annulation de la démocratie et des mécanismes de contrôle» et «l'endettement jusqu'au cou de l'Etat». «Il y a des articles dangereux et qui remettent en cause la souveraineté du pays», a-t-il expliqué, citant certaines dispositions. Pour le président du MSP, le projet de LF 2016 traduit l'échec économique du système politique. «Le déficit est partout», dit-il, citant, pour étayer son constat, la balance commerciale, le budget, le Trésor, affirmant que les réserves de change s'épuiseront entièrement en novembre 2018. Le conférencier prévoit même «une crise budgétaire» en 2017. «L'économie algérienne dépend totalement de l'étranger. Tout l'argent dépensé ces dernières années n'a pas pu libérer l'Algérie de cette dépendance», regrette-t-il, accusant le système politique de vouloir tromper le peuple en lui cachant la vérité. L'orateur a déploré le fait qu'en 2015, «le pays est géré de manière opaque, par les fuites organisées des informations et la rumeur». «C'est bizarre et c'est inacceptable», a-t-il soutenu. Abderrezak Mokri ne s'est pas empêché de situer les responsabilités de chacun dans cet échec et crise économique patents. La responsabilité incombe, selon lui, au président de la République, au gouvernement, à la majorité parlementaire et tous ceux qui les soutiennent. «C'est ça la règle : dans tout échec, c'est celui qui dirige qui est responsable», a-t-il expliqué. Tout en admettant que sa formation, à elle seule, ne peut rien contre ce projet de loi, l'orateur a estimé qu'on est face à «une véritable opération de kidnapping de l'Etat». La solution : un consensus politique et économique Cela étant dit, le président du MSP considère que «le secteur privé est un partenaire fondamental dans la construction du pays». Il se dit pour l'encouragement de ce secteur mais en présence d'institutions de contrôle, d'une justice puissante, d'une société civile forte et d'une vision économique globale pour le pays. Pour sortir de cette crise, Mokri préconise une transition économique consensuelle accompagnée d'une transition politique tout aussi consensuelle. «Il ne faut pas qu'on laisse le système politique dilapider ce qui reste de nos richesses souterraines», a-t-il dit, appelant à des réformes économiques profondes. Il a appelé à une transition démocratique à travers la création d'une instance indépendante d'organisation des élections, des élections anticipées, un gouvernement d'union nationale et une constitution consensuelle. Une chose est sûre : quel que soit le degré de la crise et de la faillite des décideurs, le MSP n'appellera pas à des manifestations populaires. Le président du parti affirme que sa formation «ne veut pas entrer en guerre contre le système politique». «On ne veut pas faire sortir les citoyens dans la rue», a-t-il lancé, précisant que la seule partie qui peut aller dans ce sens est justement «le système politique», en raison de ses échecs. «Si le peuple sort dans la rue à cause des pratiques du système, à ce moment-là, on assumera notre responsabilité», a-t-il affirmé, prévoyant de grandes tensions sociales en 2016. L'orateur n'a pas exclu, non plus, une élection présidentielle anticipée en 2016.