Le Conseil national économique et social (Cnes) a présenté, hier à Alger, son rapport de conjoncture économique et social du 1er semestre 2015. Le document, ayant suscité un vif débat, est cependant qualifié d'obsolète et de dépassé. Et pour cause, les données statistiques exploitées sont considérées à la fois comme partielles et incomplètes. Les experts de l'ONS apprécieront … L'institution présidée par Mohamed-Seghir Babès a établi, en effet, une véritable radioscopie de la politique gouvernementale en restituant les grandes tendances de l'économie algérienne et de l'environnement social du pays. Présenté en séance plénière en présence, entre autres, des ministres de l'Industrie, du Commerce, du Tourisme et des Travaux publics, ainsi des responsables d'institutions bancaires et organisations patronales, le document du Cnes a focalisé essentiellement sur les statistiques de l'année 2014 et début 2015. Une insuffisance de taille qui a fait dire au ministre de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb, qu'il y a urgence à réformer le système d'information statistique afin que le rapport de conjoncture du Cnes puisse devenir un instrument d'évaluation de la politique gouvernementale. «Il nous faut des éléments essentiels pour notre visibilité économique et pour que le gouvernement puisse apporter en temps réel les corrections nécessaires», mentionne-t-il avant de dire qu'en l'état actuel «le rapport est carrément biaisé». Auparavant, c'est l'expert Mouloud Hedir qui a mis l'accent sur cette faiblesse de l'économie algérienne, à savoir son système d'information statistique. «A ce jour, on continue d'évaluer la performance du secteur industriel public, sans tenir compte de la sphère du privé. Or, l'industrie est quasiment dominée par le secteur privé», relève cet expert, s'offusquant que notre système de calcul est resté sur le modèle des années 1980. Le même intervenant ne comprend pas également pourquoi on ne veut pas donner des chiffres détaillés, notamment au niveau des banques, du commerce extérieur et des impôts. «Les chiffres sur les importations de service et les frets maritimes ne sont pas connus, alors que ces deux secteurs pèsent lourdement sur l'Algérie. Les banquiers communiquent des chiffres sur les crédits à investissements accordés au privé, sans jamais dire quel type de privé et pour quels besoins. Nous sommes toujours dans des bilans globaux», a tenu à dénoncer Mouloud Hedir. La réforme du système d'information a été soulignée avec force par différents intervenants d'autant plus que l'Algérie traverse actuellement une conjoncture économique très difficile. Bouchouareb : «Réforme structurelle inévitable» Réagissant aux constats et pronostics établis par l'économiste Mustapha Mekidèche et l'expert pétrolier Mourad Preure, le ministre de l'Industrie est formel : «Nous allons vers des réformes structurelles de notre économie.» Bouchouareb estime d'ailleurs que «la conjoncture actuelle est un choc très profond» et que «l'Algérie n'a pas d'emprise sur les faits exogènes». Appelant à un large débat sur les investissements dans le domaine énergétique, le ministre de l'Industrie considère que le gouvernement n'est pas à une posture statique, mais il agit et axe son programme sur la diversification. Il citera, entre autres, la révision du code des investissements, la libéralisation des assiettes foncières et la transformation de l'Andi en une agence de conseils et d'accompagnement des investisseurs. Dans le même ordre d'idées, le ministre des Travaux publics soutient que le gouvernement accorde un intérêt particulier à l'infrastructure et aux projets routiers, les considérant comme des facteurs d'attractivité du territoire. «Nous souhaitons doter le pays d'infrastructures et de capacités routières selon les normes internationales. Cela permettra au pays d'offrir les meilleures conditions de travail aux investisseurs», a-t-il expliqué, citant les projets de pénétrantes autoroutières de l'autoroute Est-Ouest et le projet du port centre. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a défendu, quant à lui, la politique de change de la Banque centrale, soutenant que le choc externe va encore persister durant l'année prochaine. Tout en excluant un manque de liquidités, Laksaci invite les banques à innover en termes de produits bancaires et à mieux allouer leurs ressources financières.