Hier, il a fait très beau. Enfin, très beau, si on ignore le côté sécheresse du soleil. A-t-on le droit de bouder notre bonheur en pensant aux barrages ? Normalement oui. Mais notre bonheur est bien pris en charge et il fait beau, même dans un ciel depuis longtemps orphelin de sérénité. Le pétrole n'assure plus tout et la terre a tremblé à l'Assemblée nationale. Mais le printemps en hiver, ce n'est toujours pas une vue de l'esprit. Hier, c'était lundi, on était censé travailler mais on s'est encore promené. Non pas parce qu'il a fait beau mais parce qu'on se promène quand on veut. Bien sûr, se promener est une façon de parler. Juste ne pas travailler parce que personne ne nous le demande. On a encore erré parce que c'est interdit de marcher. En attendant le soir pour voir si l'ENTV allait nous montrer le crêpage de chignon qu'on a déjà vu sur Facebook en temps réel. Le crêpage de chignon seulement, parce que la loi de finances, elle sera adoptée et on s'en moque un peu. Personne ne nous a demandé d'attendre, on nous a seulement demandé de rester debout. C'est un peu difficile sous le soleil mais on ne peut pas tout avoir dans la vie, il ne faut pas «exagérer» ! Hier, il a fait beau et si le ciel n'y trouve pas d'inconvénient, ça va continuer. Ça continue toujours. Et puis que voulez-vous qu'on fasse de la pluie ? Il y a du blé en Amérique du Nord et des vaches en Amérique du Sud. Nous avons toujours du pétrole même si les prix sont en chute libre. Nous avons aussi du soleil même si les deux sont inutiles, puisque ça ne donne que de mauvaises idées. Que voulez-vous qu'on fasse du soleil à part nous brûler le crâne en restant debout ? On ne fait rien du soleil, sinon prier qu'il s'efface quand il en fait trop. On ne fait rien de la pluie en dehors des inondations. On fait semblant d'avoir une agriculture et un élevage menacés par la sécheresse. Alors, on prie. De préférence après avoir consulté la météo. On ne va tout de même pas prier sans garantie de résultat, c'est connu. Et quand la pluie se met à tomber, on (re) prie pour qu'elle cesse. C'est ça le changement dans la continuité, n'est-ce pas ? Mais que voulez-vous qu'on fasse du changement ? Il faut continuer, il fait beau. On ne va pas travailler, on ne va pas se promener mais c'est toujours «ça». Errer parce qu'on ne peut pas marcher. Ni sous la pluie ni sous le parapluie. Ni au soleil ni la tête dans les nuages. Que demande le peuple ? Rien, le peuple est un cauchemar qui disparaît avant le réveil. On dort trop mais pas assez pour souhaiter se réveiller. Les matins sont une invention de l'esprit. Les après-midi une somnolence chronique et les soirs une création du diable. Nous respectons les saisons parce qu'il n'y pas de saisons. Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.