L'ancien chef du DRS, le général Toufik, dérange toujours le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani. Premier acteur politique à l'avoir attaqué frontalement, il en a remis hier une couche… Lors d'une réunion du bureau politique de son parti, Amar Saâdani s'en est pris une nouvelle fois à l'ancien général, sans le nommer, se contentant de le désigner par le vocable «parrain» de certains opposants. C'est l'ex-patron du DRS qui a, d'après lui, «envoyé» la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, demander une rencontre avec le président Bouteflika. «Le parrain est parti, l'Etat reste !», a tonné Amar Saâdani dans son procès en règle contre l'opposition en général et de Louisa Hanoune en particulier. «Louisa vit une hystérie après la chute de son parrain. Elle a perdu ses nerfs et se comporte de manière irresponsable», a-t-il lancé. «C'est son parrain qui l'a envoyée pour voir le Président. C'est lui qui lui a donné des sièges au Parlement et c'est lui qui a donné un siège à son parti», a-t-il ajouté. «Que voulez-vous dire au Président ?», lui-a-t-il demandé avant de réaffirmer que «c'est son parrain qui l'a envoyée et sa démarche est vouée à l'échec». Le patron du FLN a enfoncé le clou en ajoutant à son réquisitoire de graves accusations à peine voilées à l'encontre du général Toufik. Mais, cette fois-ci, sous forme d'interrogations. «Pourquoi Louisa n'avait-elle pas parlé lorsque Boudiaf a été tué ? Où était-elle lorsque des milliers de cadres ont été jetés en prison ?», s'interroge-t-il. «Le projet de Louisa (le trotskisme, Ndlr) est rejeté, y compris dans la Chine communiste et la Russie socialiste», a-t-il affirmé. Graves insinuations sur l'assassinat de Boudiaf Cette charge violente du secrétaire général du parti majoritaire contre Louisa Hanoune est lancée dans le sillage de la réaction du FLN aux «évènements» qui ont émaillé l'adoption de la loi de finances 2016 avant-hier à l'APN. Amar Saâdani a descendu en flammes l'opposition qui a contesté cette loi, en imputant l'entière responsabilité de ce qui s'est passé à Louisa Hanoune qui est devenue sa bête noire. «L'opposition a appelé à la démocratie et a examiné tous les articles de loi. Mais au moment décisif de l'adoption, elle n'avait pas les capacités de faire passer ses propositions d'amendement. Elle a donc recouru à la violence et des comportements qui n'honorent pas les députés en voulant s'imposer par la force», a-t-il accusé. Dans ce contexte, l'orateur a souligné que ceux qui tablaient sur la division du groupe parlementaire du FLN pour faire passer leurs propositions ont échoué. Il a dénoncé également le MSP qui s'est opposé à la loi, lui rappelant qu'il était pendant de longues années dans le gouvernement. «On entend des déclarations qui font croire que nous avons vendu le pays», a-t-il relevé, ajoutant que «le FLN ne restera pas les bras croisés face aux tentatives de déstabilisation des institutions». Dans son intervention devant les membres du bureau politique, Amar Saâdani a défendu les dispositions de la loi de finances 2016, estimant qu'elles ne touchent «ni au pain, ni au lait, ni aux salaires des citoyens». Cela étant dit, le patron du parti majoritaire s'est dit «fier» de ce qui s'est passé à l'intérieur de l'APN en termes de démocratie. Il en veut pour preuve que ces scènes se passent «dans les Parlements de plusieurs pays dans le monde». Saâdani n'a pas pour autant terminé le procès de l'opposition en exprimant cette fierté. «On ne comprend pas ce que veut l'opposition à part le poste du Président», a-t-il dit, en mettant en exergue «le manque de représentativité» des partis de l'opposition. «Que représente Sofiane Djilali ?», ironise-t-il, déplorant «l'absence d'une classe politique avec qui dialoguer».