Constitué au départ pour demander audience au président de la République, le groupe des «19-4» semble évoluer au gré d'une actualité marquée par un enchaînement sans précédent des événements. Hier, lors d'une conférence animée au siège du Parti des travailleurs, Khalida Toumi, Zohra Drif Bitat, Boudjemaâ Guechir et, bien sûr, Louisa Hanoune se sont relayés à la tribune tantôt pour rappeler les «bons et loyaux états de service» du général Hassan, condamné, selon eux, «à tort» à 5 ans de prison ferme, tantôt pour dénoncer les propos «misogynes et haineux» tenus par Amar Saâdani à l'encontre de Louisa Hanoune. «Les attaques ignobles contre Mme Louisa Hanoune visent toutes les militantes et les femmes algériennes, et par-delà toutes les femmes de l'humanité», a affirmé Boudjemaâ Guechir avant d'ajouter que «ces attaques relèvent d'un racisme anti-femmes qu'aucune société, qu'aucun Etat, digne de ce nom, ne sauraient tolérer». emboîtant le pas à Guechir, Mme Zohra Drif Bitat dira dans le même sillage que «les propos du SG du FLN, Amar Saâdani, doivent être «criminalisés». «Tout comme doivent être criminalisés ses tentatives takfiristes, relevant de l'appel au meurtre et qui nous replongent dans les tragiques années du terrorisme», a-t-elle dit. Abondant dans le même sens, Louisa Hanoune affirmera que des militants sincères du FLN, ceux qui se réclament du FLN historique, ont tenu à «dénoncer Amar Saâdani, jugeant d'inacceptables ses attaques haineuses contre sa personne». La patronne du PT profitera de cette occasion pour interpeller le président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, Miloud Chorfi, qu'elle dénonce pour son mutisme devant les propos du SG du FLN. «Dérives et fabrication de preuves» S'exprimant sur la lettre rendue publique, samedi, par l'ex-patron des services de renseignements, Mohamed Mediène, le groupe des «19» a estimé que «si le général Toufik a eu recours à cette lettre, c'est parce que la situation est devenue extrêmement grave», fera savoir Zohra Drif Bitat. «Nous vivons un moment dangereux. Je ne connais pas l'armée mais en tant que citoyenne, je suis effarée quand je vois un tel nombre de généraux et d'officiers supérieurs poursuivis en justice avant d'être condamnés. Ça laisse pantois. Tout le monde reconnaît pourtant la probité des officiers de ce corps qui a veillé à la sécurité du pays», a-t-elle ajouté. Louisa Hanoune partage les mêmes inquiétudes. «Il y a une accélération des événements. Nous avons assisté en l'espace d'une semaine à toutes les dérives possibles. Si ces dérives étaient constatables uniquement dans le domaine de la sphère de la justice civile, aujourd'hui c'est la justice militaire, à son tour, qui en subit les dangereuses dérives. La situation est grave.» A tel point, a-t-elle dit, que l'ex-patron du DRS s'est trouvé «dans l'obligation de prendre l'opinion publique à témoin». La patronne du PT en a profité pour réitérer «toute la considération» qu'elle porte au général Hassan, condamné à 5 ans de prison ferme. «Le général Hassan est un héros. Et les preuves qu'on prétend avancer contre cet officier sont pures affabulations», fera-t-elle savoir en précisant que «le général Gaïd Salah lui-même m'en a fait part de ce qu'il pense». Et Louisa Hanoune de révéler : «En 2014, quand je l'ai rencontré (Gaïd Salah), je lui ai demandé si vraiment Hassan a pu constituer un groupe armé comme on l'accuse. Sa réponse était non. Pourquoi alors le jeter aujourd'hui en prison ?»