Paralysée par une grève illimitée depuis le 30 octobre, l'entreprise publique économique Leader Meuble Taboukert, dans la wilaya de Tizi Ouzou, enregistre un manque à gagner estimé à quatre millions de dinars/jour. Un chiffre révélé par le directeur général de l'entreprise, Nacer Akbi, et confirmé par la section syndicale UGTA de l'entreprise, qui est derrière le mouvement de grève des travailleurs pour réclamer le départ «immédiat et inconditionnel» de ce même responsable. Selon ce syndicat, depuis son installation en juin dernier, le directeur en question, «de par son attitude arrogante et son inexpérience au poste, ne cesse de détruire toute bonne volonté et d'œuvrer à des intérêts strictement personnels». Pour la section UGTA de l'entreprise, «cette manière de faire, basée sur la provocation, la division et le règne sans partage, n'est que la partie apparente de l'iceberg car toute cette machination vise en réalité à porter le coup de grâce à une entreprise déjà fragilisée par des années de turbulences». Décidés à aller jusqu'au bout de leur revendication, les travailleurs de cette entreprise spécialisée dans la fabrication de meubles, qui ont déjà procédé à la fermeture de la RN 12 le 29 novembre, menacent de recourir à des actions plus radicales. «Malgré les appels et les démarches répétées auprès du conseil d'administration de l'entreprise et du groupe industriel local, Divindus en l'occurrence, ainsi que du wali, rien n'a été fait. Personne n'a bougé le petit doigt et le DG est toujours en poste», nous affirme Kamel Bettouche, président des conflits à la section UGTA de Leader Meuble, qui reconnaît que l'entreprise qui emploie 430 travailleurs accuse un manque à gagner estimé entre 3 et 4 millions de DA par jour. «Cette grève qui dure depuis plus de 35 jours a déjà coûté plus de 10 milliards de centimes de manque à gagner à l'entreprise. Ce n'est pas de notre faute. Aucun responsable sollicité n'a pris en compte notre principale revendication. Au rythme où vont les choses, l'usine qui a déjà connu des périodes de turbulences risque carrément de disparaître par la faute de responsables qui ne veulent pas agir», affirme ce responsable syndical. 4 millions DA de pertes
«C'est une grève illégale», rétorque pour sa part le directeur général, M.Akbi, qui s'est rendu en compagnie de son staff dirigeant à notre bureau de Tizi Ouzou. Selon lui, cette grève illimitée qui dure depuis six semaines est «illégale, car il n'y a pas eu de préavis». Le responsable qui soutient que «relever un DG n'est pas du ressort de la section syndicale», soutient que «les protestataires n'ont avancé aucune revendication socioprofessionnelle», accusant la section syndicale de s'immiscer dans la gestion de l'entreprise. «L'employeur ne recrute pas en cachette et n'est pas obligé de demander l'avis de la section syndicale», soutient-il en réponse à cette instance qui l'accuse de recruter sans accord ni concertation. «Les responsables de la section syndicale ont bloqué l'usine et pris en otages les travailleurs. Ils m'empêchent de me rendre sur les lieux depuis le 2 novembre. L'usine est complètement bloquée avec comme conséquence un manque à gagner estimé à 4 millions DA par jour, soit plus de 15 milliards depuis l'entame de cette grève. Un chiffre difficile à rattraper surtout que l'entreprise accuse déjà un déficit estimé à 20 milliards de centimes», regrette le directeur général de Leader Meuble qui affirme que la majorité des 400 travailleurs de l'entreprise sont contre la grève. «90% des travailleurs sont contre la grève. Une quarantaine seulement, tous membres de la section syndicale, est derrière ce mouvement qui a pris en otages les travailleurs et l'usine», soutient-il non sans ajouter qu'une action de justice est lancée contre les meneurs de cette grève. «Nous avons saisi la justice contre les 41 meneurs de cette grève illégale car ils sont responsables de ce qui se passe actuellement à l'usine», affirme-t-il. Selon le DG, ce mouvement de grève porte un préjudice énorme à l'entreprise qui risque de se retrouver dans une situation délicate à l'avenir. Plusieurs marchés conclus avec des partenaires risquent de ne pas être réalisés, selon le DG de l'entreprise qui a cité le marché de 20 000 lits conclu avec l'Office national des œuvres universitaires (Onou).