Lentement et insidieusement, les prix du baril du pétrole continuent leurs tendances baissières. Ces derniers jours, et dans les principales bourses mondiales, l'or noir a baissé en dessous des 40 dollars…. L'Algérie, qui a du mouron à se faire compte tenu de la persistance de cette tendance baissière, a intérêt aussi bien à rationaliser ses dépenses mais surtout à une meilleure utilisation de ses ressources pétrolières. Et l'une des solutions les plus envisageables, la transition énergétique devient plus que nécessaire. «Nous devons aller vers le développement durable en mettant à profit d'une façon rationnelle les ressources de la rente pétrolière et gazière pour mettre en œuvre la transition énergétique» du pays, selon l'expert Chems Eddine Chitour, qui dirige le laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l'Ecole nationale polytechnique (ENP, Alger). Le Pr Chitour soutient dans ce sens que «cette transition énergétique, qui nécessite l'adhésion de la société entière pour sa réussite, doit aussi se traduire par une sobriété énergétique et une utilisation pondérée des énergies fossiles». «L'objectif étant de sortir définitivement de la rente d'une façon intelligente et, en même temps, laisser un viatique aux générations futures», résume cet expert. En un mot, l'économie algérienne ne doit pas lier son avenir aux convulsions erratiques d'un baril de pétrole. Pour les experts, la réalisation de cette transition énergétique, une sorte de «plan Marshall», est nécessaire, englobant un modèle de consommation allant jusqu'à 2050. Ce «plan Marshall» doit également revoir la question du soutien aux prix de l'énergie, qui est anormal car profitant aussi aux «classes aisées». «Les économies d'énergie, qui vont mettre fin à une consommation débridée, ne peuvent être opérationnelles que si un juste prix est pratiqué», selon le Pr Chitour qui estime, dans l'une des ses contributions publiques, que le prix du gaz naturel est facturé en Algérie 20 fois moins cher que son prix à l'international et que celui du gasoil est facturé 7 fois moins cher que dans les pays voisins. Donc, la transition énergétique doit aussi tenir compte de plusieurs paramètres, un large recours aux énergies renouvelables, la protection de l'environnement et surtout la rationalité dans la consommation. Sur ce point, l'ancien président-directeur général de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a souligné, dans un entretien qu'il nous a accordé récemment, que «la crise actuelle est une bonne occasion pour mettre de l'ordre dans la distribution de ces subventions, et chacun doit donner l'exemple, surtout en matière de consommation de produits énergétiques pour reculer dans le temps le moment où nous serons amenés à réduire les exportations pour assurer la sécurité énergétique du pays». «Et c'est dans moins de 15 ans que cela va se produire», a noté l'ancien ministre de l'Hydraulique. Indiquant que 70% de la consommation énergétique nationale sont consacrés aux ménages, au transport et autres consommations sans production de valeur ajoutée, et seulement 30% dans l'industrie, Attar a souligné que cette tendance va dangereusement perdurer «à moins d'une politique énergétique destinée à la réduire, à diversifier sa nature à travers l'élimination d'une manière progressive les subventions qui ne doivent profiter qu'aux citoyens qui en ont vraiment besoin».