Le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, a plaidé, hier à Tizi Ouzou, pour une nouvelle approche économique dans la gestion des entreprises publiques en appelant à un «partenariat avec le secteur privé» et surtout «promouvoir la production nationale et encourager la consommation du produit local». Lors de sa visite hier à l'entreprise Eniem de Oued Aïssi dans la wilaya de Tizi Ouzou, le patron de la Centrale syndicale a réitéré la volonté de l'UGTA, en partenariat avec les pouvoirs publics et les opérateurs économiques publics et privés, de relancer l'économie nationale à travers «la sauvegarde de l'outil national de production, la promotion de la production nationale et la consommation du produit local». En réponse à une question d'un syndicaliste de l'entreprise Eniem sur la position de l'UGTA à propos de l'article 66 de la loi de finances 2016, qui permet à l'Etat de privatiser certaines entreprises publiques, Abdelmadjid Sidi-Saïd s'est montré pragmatique. «Parler de privatisation démobilise les travailleurs et déstabilise le front social. Notre leitmotiv est l'investissement. Il est temps de passer à un partenariat public-privé afin de sauvegarder l'outil national de production. Je ne suis pas porteur d'agressivité mais il y a la réalité. Aujourd'hui, on ne doit plus parler de privatisation mais plutôt de partenariat entre le public et le privé. S'il faut opter pour la règle 51-49% entre le partenaire public et privé, pourquoi pas ? L'essentiel est de trouver le moyen pour sauvegarder les entreprises nationales et surtout relancer l'économie algérienne», lancera le SG de l'UGTA lors d'une réunion de travail avec les représentants des sections syndicales des différentes entreprises de la wilaya en présence de certains opérateurs publics et privés. Lors de son intervention, Abdelmadjid Sidi-Saïd a reconnu que la politique de privatisation menée par l'Etat durant les années précédentes fut un échec, en citant le cas de certaines entreprises privatisées, selon lui, dans la précipitation. «Faire barrage aux importations» «Nous avons vécu de nombreuse expériences de privatisation qui nous ont laissés des traces indélébiles sur le plan économique et social. Je cite l'exemple de l'Enasucre, une entreprise publique qui a été privatisée et aujourd'hui fermée», reconnaît-il non sans préciser que les pouvoirs publics, en concertation avec les partenaires sociaux, sont décidés à changer d'orientation en matière de privatisation. «On ne va plus privatiser les entreprises dans un bureau à travers un computer. La privatisation doit être réfléchie. Je parlerai de complémentarité public-privé à travers les fusions horizontales. On a peut-être perdu un peu de temps mais pas tout le temps afin de donner au pays une autre dimension sur le plan économique», affirme Sidi-Saïd qui a insisté sur la nécessité de «faire barrage aux importations néfastes» à l'économie nationale. Selon lui, la facture des importations du pays qui avoisine 60 milliards de dollars par année est l'équivalent d'un budget de fonctionnement de certains pays. «La réduction de la facture des importations passera par la sauvegarde de l'outil de production et la promotion du produit national. Il faudra surtout encourager la consommation du produit local qui n'a rien à envier à celui importé», insiste-t-il. «En renforçant la production nationale, on créera des emplois. Je n'ai pas honte de parler de la règle 51-49% entre le privé et le public. Pourquoi bloquer un partenaire local privé ?», s'interroge Sidi-Saïd en évoquant le cas de l'entreprise publique Enel de Fréha, dont la section syndicale, affiliée pourtant à l'UGTA, a refusé, selon Sidi-Saïd, un partenariat avec un opérateur privé, pour se retrouver aujourd'hui en situation de crise. «Au lieu de parler des IDE (investissements directs étrangers), pourquoi ne pas parler de ce que je qualifierais d'IDI (Investissements directs internes)», renchérit le patron de l'UGTA.