Depuis plus de 20 ans, aucun film n'a été projeté dans une salle de cinéma à Constantine, et que les autorités ont privé de cinéma les habitants de l'une des cités les plus anciennes du monde. Ce recul des mentalités s'est affirmé encore plus pendant l'année 2015, année où l'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, a décidé de faire de Constantine la capitale de la culture arabe. Dès le départ, le chaos a régné. Khalida Toumi a depuis été remplacée par Nadia Labidi qui, à son tour, a cédé la place à Azzedine Mihoubi. Pareil pour les commissaires de la manifestation. On retiendra cependant que le dernier en date, Samy Bencheikh el Hocine (directeur général de l'ONDA) partage le pouvoir avec Lakhdar Bentorki (directeur de l'Office national de la culture et de l'information, ONCI). Un partage qui s'est fait dans la douleur puisque l'événement a malheureusement subi de plein fouet leur affrontement public. Depuis, il ne se passe pas grand-chose à Constantine et les invités des 1res journées du film arabe primé (JFAP), et en particulier les médias arabes, ont pu s'en rendre compte. Du côté du JFAP, on ne connaît pas le budget de cette manifestation ; par contre, comme pour Annaba et les trois quarts de l'Algérie, cet argent aurait pu servir à la rénovation de l'une des neuf salles de Constantine. Des cinémas mythiques, à l'image de Cirta, du Colisée, de l'ABC, de l'Olympia. Une salle où le public constantinois aurait pu retrouver ses marques, où un ciné-club pourrait être lancé, où des cinéastes en herbe pourraient prendre racine et s'affirmer en Algérie comme à l'étranger. Rien de tout cela n'a été pris en compte. Les ministres se succèdent à la tête d'un département qui décline, paraît-il, à cause de l'austérité, mais dans les faits, le constat est tout autre. L'argent est là et il ne sert pas les créateurs. On notera au passage que les réalisateurs, comédiens et cinéastes algériens en général étaient absents des JFAP. Mis à part Lotfi Bouchouchi, réalisateur de «Le puits», projeté pendant ces journées, ils ont tous brillé par leur absence. On passera sur la soirée hommage dédiée à l'équipe de «Aassab wa awtar» qui n'avait rien à faire dans la programmation des JFAP. Au-delà du fait qu'ils sont presque tous constantinois, c'était à l'Entreprise nationale de télévision (ENTV) de leur rendre hommage. Il y a aussi tous ces acteurs de la télévision égyptienne tels que Abbas Nouri, Safia El Emary, des personnages qui ont marqué leur temps à la TV et non pas au cinéma. Et la jeune chanteuse Kenza Morsli à qui les organisateurs des JFAP ont rendu un hommage pendant le dîner de clôture. On se demande où est le rapport entre la Star Academy et le cinéma arabe. Il est vrai que la jeune candidate est constantinoise, mais cela ne suffit pas pour rehausser l'envergure d'un événement qui est censé faire briller l'Algérie sur la scène arabe.