En annonçant un déficit budgétaire de 89,2 milliards d'euros en 2015, l'Arabie saoudite a subi de plein fouet la baisse du pétrole. Et mange désormais son pain noir. Ryiad a, en effet, a sciemment provoqué, la dépression du marché pétrolier pour des considérations d'ordre géopolitiques liées aux boleversements au Moyen-Orient. Pour les Saoudiens, avec les mesures d'austérité, c'est carrément la fin de l'Etat-providence… Longtemps habitué à l'opulence grâce à l'or noir, le premier producteur de pétrole au monde a également prévu des mesures d'austérité dès 2016, incluant des augmentations de plus de 50% du prix de l'essence. Confrontée à la chute des cours du brut qui ont perdu plus de 60% depuis l'été 2014, l'Arabie saoudite a adopté, avant-hier lundi, le budget 2016 avec un déficit prévu de 79,3 milliards d'euros, après un déficit de 89,2 mds EUR en 2015. D'ailleurs, à la Bourse de Riyad, l'indice Tadawul a cédé 3,1% peu après le début des échanges, avant de se redresser dans la journée pour terminer sur une baisse de 0,9%, à 6930,60 points. Le secteur de la pétrochimie a perdu 3,8%. «C'est le début d'un programme global pour édifier une économie forte (...) avec une diversification des sources de revenus», a déclaré le roi Salmane lors de l'adoption lundi par le Conseil des ministres du budget 2016, accompagné de mesures d'austérité. Pour le ministre des Finances Ibrahim al-Assaf, il est temps de réexaminer le niveau élevé des dépenses des dernières années. «Nous devons rationaliser les dépenses non essentielles», a-t-il dit au quotidien «Al-Eqtissadiah». Ainsi donc, le royaume paye désormais cash son niveau de production pétrolière qui a atteint cette année un record de 10,4 millions de barils par jour (mbj). En termes de recettes pétrolières, le premier exportateur de pétrole a enregistré un recul de 147,6 mds d'euros en 2015, le plus bas depuis la crise financière de 2009, en baisse de 42% par rapport aux 253,6 mds d'euros engrangés en 2014. Ce recul est dû à une baisse de 112 mds d'euros de recettes pétrolières. Face à l'énorme déficit budgétaire, les nouvelles mesures prises par les dirigeants saoudiens ont également prévu un relèvement des prix des billets d'avion sur les vols intérieurs et une augmentation des prix des cigarettes et des boissons non alcoolisées. Toutefois, le roi a souhaité que les familles à faible revenu soient épargnées. L'autre chiffre mettant à nu les revers de sa politique énergétique est que le royaume a déjà puisé cette année 80 mds USD dans ses réserves, estimées fin 2014 à 732 mds USD, et levé sur le marché local 20 mds USD en bons du Trésor. Il est utile d'indiquer que le FMI a réclamé depuis plusieurs années aux pétromonarchies de la région de réduire les subventions et de diversifier leurs économies, faute de quoi, ces pays risquent d'épuiser leurs réserves financières en cinq ans, selon cette institution.