Prisée pour ses plages au sable d'or, la beauté de son site touristique, ses hôtels et ses discothèques où la fiesta est au rendez-vous chaque nuit, Zéralda reste une commune à deux visages : le faste et la misère. Eté comme hiver, sa partie méridionale vit au rythme des soirées endiablées qui drainent jeunes et moins jeunes venant de tous les horizons. Un faste qui occulte une misère à un jet de pierre de ces boîtes où le rêve est offert moyennant des biftons claqués par d'insouciants parvenus. Une virée de jour nous a révélé en tout cas cette autre face de Zéralda, celle d'une commune ayant en commun beaucoup de ressemblances avec l'Algérie profonde. En quittant le littoral vers l'intérieur, on est tout de suite frappé par les difficultés de se déplacer sur une route où le bitume a disparu depuis belle lurette. Sa réfection ne fait pas partie pour le moment des projets imminents. La dernière intervention des travaux publics remonte à une quinzaine d'années. Cette route mène vers les 500 logements, une cité isolée et livrée, faute de sécurité, à des bandes de délinquants qui dictent leur loi aux habitants. Vols, toxicomanie, agressions verbales et physiques avec utilisation d'armes blanches hantent leurs nuits. «Mon frère cadet a reçu un coup de couteau en tentant de raisonner un délinquant qui importunait une jeune fille du quartier», a confié un résident. A quelques encablures, un bidonville se dresse derrière une ligne de roseaux, puis un autre à une centaine de mètres. Du coup une question se pose : les services compétents de la wilaya sont-ils passés par là ? Des occupants ont affirmé avoir reçu la visite des agents de la commune et que des dossiers ont été constitués pour un futur relogement. D'autres doutent de la régularité que l'APC apportera au traitement des dossiers, évoquant le coup de pouce ou autres formes détournées que revêtira l'opération une fois ficelée. Ce qui est certain c'est que la vie ici est intenable. Bien que le ciel soit pour le moment chiche, la crainte de la moindre intempérie est dans toutes les têtes. Une inquiétude majeure qui plane sur chaque famille. «Habiter une commune où des gens viennent d'ailleurs pour griller des liasses pendant que des dizaines de familles vivent parmi les rats et les détritus, m'horripile», confie un sexagénaire, contraint d'atterrir sur les lieux après avoir fui les hordes terroristes qui sévissaient dans sa région natale de Aïn Defla. Avec une pointe d'optimisme, il fonde un grand espoir en la personne du wali d'Alger pour pouvoir bénéficier bientôt «d'un toit décent où sa famille pourra vivre dans la dignité». Des projets, oui mais pour quand ? A l'instar de beaucoup de communes, Zéralda vit au rythme de l'informel. Et si cette activité est florissante pour ceux qui la pratiquent, elle est source de nuisances à plus d'un titre pour d'autres. Les rues, ruelles et leurs trottoirs ne sont plus un droit pour les piétons et automobilistes. Dès les premières heures de la journée, elles sont envahies par des jeunes et moins jeunes pour qui la force publique ne représente aucune inquiétude dans la mesure où les autorités locales ont fini par rendre les armes devant un phénomène dépassant toutes les parties concernées. Tant qu'aucune solution de substitution n'est mise en place, il vaut mieux «la paix des braves». Ni marché de proximité ni encore moins les 100 locaux du président de la République ne sont prêts. La distribution de ces derniers, pensent les jeunes, est une énigme que seuls les initiés de l'APC peuvent résoudre. A voir l'état de délabrement dans lequel se trouvent ces locaux, l'on devinerait aisément que l'affaire est loin d'être conclue pour les prétendants. Ils sont devenus le fief des toxicomanes et délinquants de tout acabit quand ils ne servent pas de décharge publique. Les autorités gagneraient à ouvrir une enquête sur le devenir du grand projet des locaux qui a nécessité des sommes colossales mais qui reste l'une des principales revendications des jeunes. Pour rester au chapitre de la jeunesse, il y a lieu de noter un taux élevé de chômage parmi la population de Zéralda. Des jeunes diplômés universitaires qui, faute de projets de développement, grossissent chaque jour que Dieu fait les rangs des toxicomanes. Sur un autre registre, les citoyens réclament un nouveau marché avec des normes requises. L'ancien s'avère trop petit pour répondre aux besoins d'une population sans cesse grandissante. C'est pour cette raison d'ailleurs que beaucoup de commerçants activent au niveau du quartier «Bab El Oued» mais cet espace est dépourvu des commodités essentielles. Le sol non goudronné devient impraticable les jours de pluie. De plus, les marchandises proposées côtoient une décharge de produits avariés et en état de décomposition. Au niveau de la gare routière, les choses ne sont pas pour le mieux. Il est temps que les élus plaident pour une réhabilitation des lieux, ne serait-ce que la réfection de la route dont souffrent en premier lieu les transporteurs en mettant à rude épreuve leurs véhicules. Le nombre de nids de poule ne fait qu'accroître, compliquant davantage les manœuvres des chauffeurs aussi doués soient-ils. Un des transporteurs dira que plusieurs doléances ont été envoyées dans ce cadre aux responsables compétents mais aucune suite n'a été donnée, sinon que de patienter. «Mais cette patience est en train de grever de plus en plus nos dépenses engagées dans l'entretien des véhicules.»