Dans l'entourage du FLN qui vient de perdre la bataille du Sénat à Oran, on s'interroge sur la réaction du SG du parti, Amar Saâdani, concernant cette contre-performance. Va-t-il tenir sa promesse et sévir contre ceux qu'on accuse d'être derrière cette déconfiture ou, au contraire, va-t-il faire le dos rond et laisser la vague passer ? Localement, cette défaite inattendue a provoqué un flot d'accusations et de contre-accusations. Pour les responsables locaux, il y a eu trahison des membres influents de ce parti. Majoritaire au niveau des assemblées élues de la wilaya, le candidat FLN, le P/APC d'Es Senia issu d'une primaire, devait arithmétiquement emporter l'élection du 29 décembre dernier devant ses concurrents, le candidat du RND et celui d'Al Fedjr Al Djadid. Avec 270 élus, le nombre de ceux qui ont participé aux primaires, sur un collège électoral de 550, le FLN est parti gagnant et il a même préparé la fête. Durant toute la journée électorale, un mécanisme de contrôle du vote des élus a été instauré pour effectuer un décompte avant le dépouillement. En milieu de journée, selon ce décompte, le FLN avait dépassé les 200 voix. Mais en fin de journée, on découvrira que le vieux parti n'a obtenu que 149 voix. Pas moins de 97 votants FLN se sont résolus à introduire dans l'urne un bulletin nul pour barrer la voie à leur candidat. Au niveau de la mouhafada de la wilaya, on crie toujours au scandale. On parle de trahison. On désigne des personnes responsables de ce cuisant échec. Un cacique, ancien wali, membre du comité central, un des premiers qui s'est rangé à côté du SG quand il n'était pas encore admis par la totalité des adhérents, est pointé du doigt. Un autre membre de ce parti, qui avait brigué le poste de président de la Chambre de commerce et de l'industrie de l'Oranie est lui aussi jeté en pâture et accusé d'être acteur de ce revers électoral. Le fougueux mouhafadh parle d'un rapport circonstancié à envoyer au SG pour traduire ces «traîtres» devant les instances chargées de la discipline au niveau du parti. L'affaire prend l'allure d'une guerre générationnelle. Le comportement de ce mouhafedh, qui dispose d'une garde prétorienne, agace de plus en plus les aînés du parti et la vieille garde. En tout cas, le FLN ne sort pas grandi de cette épreuve électorale. Ses anciens militants qui ont rejoint Al Moustaqbal avant que certains d'entre eux passent à Talai El Houryat se sont mobilisés pour participer à l'échec de leur ancienne famille politique. Pas moins de 44 élus ont affiché leur ferme intention de faire basculer la balance en faveur du candidat du RND. C'est aussi l'attitude adoptée par les élus du PT se trouvant dans une guerre de tranchée avec le FLN. Ce dernier se trouve devant un autre examen : le poste de P/APW à pourvoir puisqu'il est vacant suite à l'élection de Kazi Tani, coordinateur du RND au Sénat. Rien n'exclut que cette coalition se reconstituera une seconde fois pour empêcher le candidat du FLN à briguer ce poste afin de redorer le blason du parti et atténuer la tension attisée au sein des militants et élus de l'ex-parti. En tout cas, le spectacle qu'a offert le FLN juste après l'annonce des résultats des élections sénatoriales n'augure rien de bon pour ce parti. La trêve observée suite à l'arrivée de Saâdani aux commandes du parti semble voler en éclats. Du moins à Oran, restée frondeuse jusqu'à la chute de Belkhadem. A suivre.