Le rôle des médecins et du corps paramédical durant la guerre de Libération nationale, particulièrement dans la wilaya V historique, a été au centre de débats à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire de la mort du martyr, le docteur Benaouda Benzerdjeb. Organisée par la direction des moudjahidine , en collaboration avec l'association Machaal Echahid, au musée du plateau de Lalla Setti, la rencontre a vu la participation de nombreux historiens-chercheurs, de moudjahidine et des autorités locales de la wilaya. «Un intérêt particulier a été donné par les cadres de la Révolution de Novembre 54 au secteur de la santé. «De nombreux médecins et infirmiers avaient rejoint les rangs de l'ALN. Dès 1956, d'autres ont été envoyés en formation dans les pays amis», dira le Dr Guentari Mohamed dans sa conférence inaugurale. Conférence dans laquelle il a fait une rétrospective sur la vie et le parcours du Dr Benzerdjeb considéré comme «le premier médecin martyr (1921-1956). De médecine traditionnelle durant le début de la lutte armée à une véritable et médecine de guerre, l'ALN a su s'adapter aux exigences et à la nécessité de développer et de former des centaines de cadres afin de soigner les moudjahidine, mais aussi les civils parmi la population rurale acquise en totalité à la cause nationale. C'est dans cette optique que le Dr Guentari dira : «Au début de la lutte, l'ALN s'est basée sur la médecins traditionnelle très répandue dans la famille algérienne. Elle se distinguait par les soins des blessures, des fractures et d'autres pathologies comme la grippe, les affections gastriques et pulmonaires.» Et de souligner que c'est ce capital d'enseignement pratique qui a sauvé des centaines de nos valeureux moudjahidine. De son côté, le docteur Ouahrani Fatima-Zohra, moudjahida de la Wilaya V, a relaté les difficultés rencontrées dans l'approvisionnement en médicaments et en consommables, mais aussi les pires conditions dans lesquelles travaillait le corps médical de l'ALN. Avant de faire une rétrospective sur son parcours, qui s'est confondu, selon elle, avec tous les étudiants algériens qui ont répondu à l'appel du 19 mai 1956 et quitté les bancs de l'université et des lycées pour rejoindre les rangs de l'ALN, le Dr Benzerdjeb, né le 9 janvier 1921 à Tlemcen, faisait partie de cette génération d'étudiants et de médecins qui se sont engagés très jeunes dans le mouvement politique national. Il adhéra au MTLD. Durant son exil en Franc et fut désigné trésorier de l'Association des étudiants musulmans algériens. Il poursuivra ses études supérieures de médecine et obtint son diplôme en 1948. Sa soutenance de thèse de doctorat portait sur le cancer du sang. Son cabinet de Tlemcen était devenu une cellule révolutionnaire et un point de rencontre des fidaï et des moudjahidine. Il acquerra une machine ronéo d'Oran pour imprimer des tracts et des documents liés à la guerre de libération. Le Dr Benzerdjeb était connu aussi comme étant le médecin des pauvres. En découvrant ses activités clandestines, les forces coloniales l'ont froidement abattu le 16 janvier 1956 dans la localité de Dermam, à 5 km à l'est du chef-lieu de la commune de Sebdou. Une exécution qui avait provoqué un grand soulèvement populaire. Notons que tôt le matin, le wali, accompagné des autorités civiles et militaires de la wilaya, s'est rendu au CEM Ibn Khaldoun, ex-collège de Slan où le martyr avait fait ses études. Une exposition photo a été organisée à l'occasion et la famille du martyr a été honorée par le wali.