Refusant d'être alarmiste, Ali Haddad a estimé hier que l'Algérie ne peut plus compter sur la rente pétrolière. Il est temps de revenir, selon lui, à l'entreprise, seule créatrice de richesse. Lors de la conférence de presse tenue à l'issue de l'AG ordinaire du FCE, le président du Forum des chefs d'entreprise a souligné que le baril à 120 dollars est définitivement révolu, reconnaissant «la difficulté de gérer la crise actuelle». Déterminé à travailler dans «la sérénité», il mettra un terme à la campagne d'acharnement orchestrée contre lui et a été catégorique en niant vouloir créer un parti politique. A propos de l'AG du FCE, il a noté que «c'est la première fois qu'une telle réunion se tiendra». Cette AG a été convoquée dans le but d'évaluer les actions menées en 2015 et de discuter du plan d'action pour 2016. Epaulé par les anciens présidents du forum, Haddad s'est dit confiant et rassuré au regard de la forte participation à l'assemblée qui a validé les bilans financier et moral. «Je n'ai pas peur», a-t-il répondu à ses détracteurs, soulignant que les membres du FCE sont des «bâtisseurs» et des créateurs d'emplois, de richesses et de valeur ajoutée. Haddad appuiera ses propos en soulignant que les membres de l'organisation ne sont pas des «prédateurs». En constatant la forte participation des membres du FCE à l'assemblée, il confiera qu'il ne craint plus ses détracteurs qui n'arrêtent pas de le critiquer sans pour autant apporter des solutions à la crise induite par la chute des cours du pétrole. Il répond également à ceux qui reprochent au forum, qui compte à présent 1500 entreprises contre 300 en décembre 2014, de mener des actions diplomatiques parallèles à celles de l'Etat, à travers sa participation à des rencontres et missions à l'étranger ; il expliquera que l'organisation se mobilise pour faire connaître les potentialités de l'Algérie qui a connu une amélioration de son climat des affaires. «Nous avons besoin des IDE», a-t-il soutenu. Il évoquera aussi les propositions formulées dans le cadre du plaidoyer remis en juillet dernier au Premier ministre et dans lequel sont proposées des «actions concrètes» devant permettre l'émergence de l'économie pour remplacer les importations et relancer l'outil de production. «Non aux polémiques stériles» Le fer de lance du FCE est la défense des entreprises, qu'elles soient publiques ou privées. L'organisation refuse «les polémiques stériles» et affirme qu'elle ne s'accapare pas la représentativité du patronat. A ceux qui s'attaquent à sa propre personne, il dira : «Nous ne devons pas écouter ceux qui dorment jusqu'à 10 heures et appellent à mettre le pays en flammes». A propos du reproche relatif à sa proximité avec les pouvoirs publics, le président du forum reconnaîtra sa position sans complexe et attestera son appui aux actions du gouvernement. Sa riposte n'est autre que le bilan du groupe ETRHB qu'il préside et qui a, à titre indicatif, déboursé 20 milliards DA au titre de contributions et d'impôts. Ce groupe créée par les frères Haddad il y a 27 ans compte actuellement 15 000 employés avant d'atteindre 25 000 d'ici fin 2016, à la faveur du lancement de deux nouveaux projets. Haddad saisira l'occasion pour affirmer qu'il n'envisage pas de créer une compagnie aérienne, ni encore vouloir reprendre des entreprises publiques. Réagissant aux rumeurs colportées au sujet de la sollicitation d'un crédit bancaire de 18 000 milliards DA auprès de la BNA, le patron de l'ETRHB a démenti cette information, mais a révélé que son entreprise a formulé une demande pour un crédit de 5 milliards de DA. Haddad a mis en avant la solvabilité de son groupe qui se fait accompagner par plusieurs banques tels la BDL, la BNA et le CPA ainsi que certaines banques étrangères installées en Algérie. Il a confié avoir eu des propositions de fonds d'investissements allemands et saoudiens pour des montants respectifs de 10 et 100 milliards de dollars. A ce sujet, Réda Hamiani, ancien président du FCE, a écarté le besoin actuel d'endettement extérieur, mais mis en garde quant à un éventuel besoin d'ici les trois prochaines années si la crise persiste. A propos de la révision de la Constitution, Haddad a salué le projet qui conforte le secteur privé et consacre la liberté d'entreprendre dans l'article 37. Il salue également la consécration de tamazight dans le projet de révision de la Constitution, ce qui procurera «un apaisement au pays».