Demain à Club des Pins, lors de l'adoption de la nouvelle Constitution, les partis au pouvoir seront face à eux-mêmes. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui viendra, accompagné des membres de son gouvernement, présenter la future loi fondamentale, trouvera un Parlement totalement acquis où ne seront présents que les parlementaires FLN, RND et les autres partis microscopiques de la périphérie. Quant aux partis de l'opposition, ils ont décidé de boycotter la séance de vote. En effet, après le groupe parlementaire du FFS, c'est au tour des partis islamistes de bouder la séance de demain. L'Alliance de l'Algérie verte (AAV), qui compte une cinquantaine de députés et composée des partis Ennahda, El Islah et du MSPn ainsi que le Front de la justice et du développement (FJD) de Abdellah Djaballah a tranché en faveur du boycott. Une position qui est loin d'être une surprise dans le sens où la coalition de l'opposition, dont font partie ces formations politiques, à savoir l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (Isco) rejette le document proposé par le pouvoir. Ce conglomérat peut même proposer sa propre constitution à l'occasion de son sommet prévu le 27 mars prochain. «Compte tenu de la décision des partis composant l'AAV et conformément à la position de l'opposition qui rejette la révision de la Constitution, le groupe parlementaire de l'AAV affirme son rejet de cette révision et l'exprime en boycottant la séance de vote programmée pour le dimanche 7 février 2016», explique le groupe parlementaire de l'AAV dans un communiqué rendu public jeudi. Pour ce groupe, le projet de révision de la loi fondamentale n'est pas consensuel, ne définit pas la nature du système et ne consacre ni la séparation et l'équilibre entre les pouvoirs, ni l'indépendance de la justice. Ce projet ne consacre pas non plus, justifient encore les parlementaires islamistes, «la transparence des élections». Le groupe dénonce également, pour justifier l'option de boycott, «le processus de la révision qui était loin du débat profond et de la participation du peuple et qui prive le Parlement du débat et des amendements». Pour sa part, le FJD de Djaballah a expliqué, dans un communiqué, qu'il rejette la politique du fait accompli du pouvoir et annonce sa décision de boycotter la séance de demain. Les islamistes emboîtent ainsi le pas au plus vieux parti de l'opposition qui a été le premier à avoir annoncé le boycott de l'adoption du projet. Pour le FFS, le projet «ne sert pas l'intérêt du peuple algérien et représente une menace pour la stabilité du pays et sa cohésion». Il estime qu'il «n'est qu'une continuité du feuilleton de la violence constitutionnelle exercée contre le peuple algérien, depuis la Constitution de 1963». «L'élaboration ou l'amendement d'une Constitution constitue une étape décisive dans la vie d'une Nation, vu que cette opération est destinée, en théorie, à garantir la cohésion et la communion nationales. Malheureusement, le régime algérien a raté cette occasion et a fait de ce rendez-vous une occasion d'aggraver la situation du pays», regrette le FFS. Mais ce front de rejet n'est pas suffisant pour bloquer le projet annoncé depuis 2011 par le chef de l'Etat, car le nombre de leurs parlementaires ne pèse rien devant la machine électorale du couple FLN-RND.