Kamel Daoud enchaîne les prix d'excellence en France et ailleurs. Jeudi dernier, il a remporté le prix Jean-Luc Lagardère du meilleur journaliste de l'année pour ses chroniques dans le point. A la clé, le journaliste et romancier a obtenu la somme de 10 000 euros. Cette année, le jury du prix Jean-Luc Lagardère est présidé par Laurent Joffrin et la commission qu'il préside est composée de journalistes dont Bernard Pivot, Christine Ockrent et Patrick Poivre d'Arvor. Crée en 1984, ce prix a distingué l'excellence journalistique de pas moins d'une centaine de journalistes pour la qualité de leurs reportages, éditoriaux ou portraits parus dans la presse on et offline. Inutile d'essayer de définir le style Daoud. Sa notoriété, il l'obtient incontestablement pour ses positions socio-religieuses et politiques. Lorsque Kamel Daoud a un avis à donner, il ne s'embarrasse pas de savoir si cela va plaîre ou convenir, sa vision est claire là-dessus. Et en conséquence, il enchaîne sans grande difficulté des prix et des distinctions ailleurs, pour ses convictions personnelles. Cependant, en Algérie, la terre qui lui a insufflé cette force de frappe contre les islamistes dans toute leur variance, personne ne lui reconnaît son courage à bafouer la langue de bois. Personne ne pensera à lui décerner la médaille du réalisme. Celui-là même qu'il communique tous les jours depuis une vingtaine d'années dans les colonnes du quotidien d'Oran. Son journal de cœur et sa plateforme certainement pour son envol vers l'Europe et depuis peu vers les Etats-Unis d'Amérique. Voilà, Kamel Daoud est entré dans l'universalité. Il est dans les petits papiers de ceux qui font l'actualité mondiale politique mais aussi littéraire et des médias. Pourtant, le constat est là. Dans ses tiroirs, il y a des chroniques, des centaines certainement, mais un seul et unique livre : Meursault, contre-enquête, paru chez Barzakh (Algérie - 2013) et Acte Sud (France - 2014). Il a obtenu le prix Goncourt en 2015... Ses écrits, on les retrouve dans Le Monde, Libération, … et le New York Times. Il est traduit et lu partout où son nom résonne. Kamel Daoud a vu le jour en 1970 dans le village de Mesra, dans la wilaya de Mostaganem. Il est l'unique enfant de sa tribu à avoir poussé les portes de l'université. Une tribu dirigée par un gendarme qui certainement ne s'attendait pas à lire son fils dans la langue de l'oncle Sam. C'est en 1994 qu'il intègre l'équipe du Quotidien d'Oran mais ce n'est que trois années plus tard qu'il crée sa chronique très populaire «Raina Raikoum». Daoud occupera également le poste de rédacteur en chef au Quotidien d'Oran pendant huit ans. Son recueil de nouvelles Minotaure 504 est sélectionné en 2011 pour le Prix Goncourt de la nouvelle, et pour le Prix Wepler-Fondation La Poste. Autre que le Concourt (2015), son ouvrage Meursalt, contre- enquête reçoit le Prix François-Mauriac et le Prix des cinq continents de la Francophonie (2014). Meursault, contre-enquête a été adapté en monologue théâtral par Philippe Berling, metteur en scène et directeur du Théâtre liberté de Toulon (France) l'année dernière.