Il y a 21 ans, le 13 février 1995, le comédien, dramaturge et metteur en scène était assassiné devant le siège du Théâtre national algérien dont il était le directeur. Tout comme Alloula et d'autres, Medjoubi avait la possibilité de fuir le pays et le terrorisme mais il a fait le choix de rester en Algérie malgré tous les risques. Il est mort pour l'Algérie et le théâtre auquel il s'est consacré toute sa vie. Comédien, dramaturge et metteur en scène, Azzedine Medjoubi qui a fait ses débuts en 1963, a joué dans plusieurs pièces radiophoniques. Il s'est produit durant sa carrière artistique dans différentes régions du pays et à l'étranger : à Berlin, en Yougoslavie et en Angleterre, à la Royal Shakespeare Company. Il a eu plusieurs prix nationaux et internationaux, tel le prix de la meilleure mise en scène pour la Boutique et Aalam el-Baôuche en 1994. Quelques semaines avant son assassinat, alors qu'il était directeur du TNA, nous nous sommes rencontrés pour effectuer une étude sur les comédiens. Il était disponible. cette idée l'avait rassuré, mais son ambition était «d'être sur les planches» avec son public. «Je veux devenir comédien» A l'âge de 15 ans, Medjoubi s'intéressait déjà au théâtre : «mon père prévoyait que cette vocation allait naître en moi. Il m'a compris. J'avais la chance d'avoir un père avocat.» Un jour, il rencontre Ali Abdoun «vieux» dans le milieu théâtral. Je l'ai entendu parler avec quelqu'un. J'ai reconnu sa voix, je lui ai dit : je veux être «moumethil (comédien)». Ali Abdoun l'oriente alors vers le conservatoire d'Alger où il a comme professeur Djelloul Bachjarah, Allal El-Mouhib, Frantz Miloud, Riadhi et Henri Van Grey, qui deviendra directeur du théâtre de Paris. En 1963, la chaîne une de la radio a décidé de former une troupe, dont Habib Rédha était le responsable. Il travaille à la radio comme comédien de 1963 à 1965. Il connaîtra ensuite Mustapha Kateb, qui était directeur du TNA. Dans le cinéma, il a eu plusieurs rôles, entre autres, dans la grande tentative de Djamel Fezzaz et Boualem Bab j'did. À la télévision, il a joué dans Journal d'un jeune travailleur, Crime et châtiments, La grande tentative, La Clef et El-Tarfa. Ce dernier film de Sid Ali Fettar avait été censuré car il dénonçait la bureaucratie. Il a également joué dans divers feuilletons. La première mise en scène de Medjoubi est Ghabou l'fkar, puis le dernier prisonnier, galou laârab galou et les deux dernières pièces : Aalam el-Baôuche et la Boutique. «Je vais continuer à faire de la mise en scène et à jouer», insistait-il à dire. De tous ses compagnons, Benguettaf a été le plus proche. «Quand à Larbi Zekkal, il m'impressionnait. J'appréciais sa sobriété, sa présence», se confiait-il à nous. La première pièce où a joué Azzedine Medjoubi est une œuvre de Victor Hugo, puis une adaptation de Rédha Houhou, Ambassa. A la radio, à la télévision, au cinéma ou au théâtre, Azzedine fut apprécié pour ses hautes qualités artistiques. «Au théâtre, rien n'est accompli. Plus j'avance, plus je me dis qu'il me reste beaucoup à faire», nous répétait-il. Et sur ce sujet, il nous a informé qu'en Syrie «un enfant de douze ans peut commenter une pièce théâtrale». Ouvrir le théâtre aux jeunes C'est à partir de cette idée qu'est né le projet de faire des rencontres dans un lycée à Tébessa où des jeunes sont acquis au théâtre. Ses ambitions artistiques étaient aussi d'ouvrir les portes du TNA à tous les jeunes comédiens. «Mais hier était déjà mieux qu'aujourd'hui : il y avait une troupe nationale, il y avait la passion, un environnement favorable, un public permanent. Nous étions encouragés par cette vie nouvelle, comme si on renaissait» disait-il, quelques jours avant d'être assassiné.