A seulement quinze mois de la prochaine élection présidentielle, en 2017, le président français François Hollande change de gouvernement. Peu de surprises, selon les uns, conjoncturel, selon les autres, ce remaniement intervient après des rumeurs qui ont couru avec persistance durant toute la semaine dernière. Pour le Président français, par contre, il s'agit d'une belle occasion pour donner l'image d'un gouvernement homogène et représentatif de pratiquement tous les courants de gauche. C'est ainsi que les écologistes font leur retour avec Emmanuelle Cosse – ex-patronne d'Europe Ecologie-Les Verts –, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili. Les radicaux de gauche ont été, eux aussi, bien servis puisque Jean-Michel Bayle hérite d'un ministère de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales. Les portefeuilles ministériels, par contre, n'ont pas été chamboulés ou très peu. Excepté Laurent Fabius, nommé à la tête du Conseil constitutionnel et remplacé par l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, les postes régaliens n'ont pas connu de changements. Ce remaniement fait aussi des petits bonheurs à l'image de Ségolène Royal, qui a obtenu l'élargissement de son portefeuille au suivi des négociations internationales sur le climat. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de son côté, reste l'homme fort de l'armée française puisque ce dernier cumulera ses fonctions avec la présidence de la Bretagne. Intervenu, jeudi dernier, ce remodelage gouvernemental n'a pas manqué de susciter de nombreux commentaires. A gauche comme à droite, des politiciens se sont, tour à tour, exprimé sur ce remaniement chacun en y allant de sa propre appréciation. L'exercice, il faut le dire, n'a pas convaincu une grande partie de la classe politique française. Beaucoup ont jugé « catastrophique » ce remodelage ministériel. Et c'est le cas de François Bayrou (MoDem), qui s'était aliéné la droite pour avoir appelé à voter François Hollande au second tour de la présidentielle de 2012. Il a dénoncé un remaniement « catastrophique », tel « un gâteau dont on distribue les miettes ». Le groupe Les Républicains (LR) n'a pas manqué l'occasion de discréditer le chef de l'Etat. À propos de l'entrée des Verts au gouvernement, d'une part, - une « auberge espagnole », selon l'ancien ministre Luc Chatel et conseiller de Nicolas Sarkozy -, et à propos du dossier sensible de Notre-Dame-des-Landes, d'autre part. Jeudi 11 février, sur TF1, le Président français a tenté tant bien que mal à défendre la « cohérence » de son remaniement gouvernemental. Au plus bas dans les sondages, l'exercice, il est vrai, était délicat. Le chef de l'Etat a rappelé que l'entrée d'Emmanuelle Cosse, ex-patronne d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), au ministère du Logement, n'avait rien d'un « marchandage », et que le retour de Jean-Marc Ayrault, à la tête de la diplomatie française n'avait rien d'une « marche arrière ». Le président Hollande a affirmé, d'autre part, qu'il entend bien aller « jusqu'au bout » de ses réformes. «Il y a ce que font les partis, et c'est leur rôle, et il y a ce que j'ai à faire. Ce que j'ai à faire, c'est diriger le pays et prendre ma décision le moment venu. S'agissant de la prochaine présidentielle, en 2017, le chef d'Etat français a indiqué que « le moment n'était pas venue », a-t-il tranché tout en réaffirmant ses priorités, à savoir, la sécurité, l'emploi et l'environnement.