Les étudiants de l'université Mouloud-Mammeri ont décidé de réinvestir la rue afin de réclamer la prise en charge de leurs revendications socio-pédagogiques. C'est devenu, en effet, une habitude chez la communauté estudiantine de la wilaya : il ne se passe pas une année universitaire sans que l'on assiste à des mouvements de protestation cycliques, devenus une marque déposée propre à cet important campus. Un campus fréquenté par plus de 50 000 étudiants répartis sur les trois pôles de Tamda, Hasnaoua et Bastos, sans oublier la dizaine de cités universitaires éparpillées un peu partout dans la ville et ses environs. C'est dire si le mouvement de protestation prévu au courant de cette semaine, à savoir une marche nocturne dans la ville, n'est que la suite des nombreuses actions qu'a connues l'université Mouloud-Mammeri depuis le début de l'année universitaire. Ainsi, après les enseignants affiliés au Cnes qui ont paralysé le campus par deux grèves suivies d'une marche, afin de réclamer la prise en charge par le ministère de tutelle de leurs revendications socioprofessionnelles, c'est au tour des étudiants de protester, appelant à une autre action de rue aujourd'hui. Un acte qui consiste en une marche nocturne de toutes les résidences de garçons pour cette nuit à 21 h, en direction de l'ancienne mairie. Initiée par la Coordination locale des étudiants (CLE) qui regroupe une dizaine de comités autonomes de campus et de résidences universitaires, cette marche nocturne a été décidée, selon l'appel de la CLE, pour «condamner les méthodes indignes caractérisées de violence réservées par certains responsables à l'encontre de la délégation de la CLE. Et de citer l'acte barbare subi par cette dernière à Tamda lors de son déplacement pour rencontrer le directeur des œuvres universitaires (DOUT)». Les signataires de l'appel fustigent également «l'attitude irresponsable des administrateurs qui, au lieu de répondre favorablement aux doléances légitimes des étudiants, continuent dans la logique du statu quo et du mépris à l'égard de ces derniers». Et pour finir, la CLE «prend à témoin toute la communauté universitaire quant aux probables dérapages qui peuvent provenir de cette situation périlleuse». Dans une déclaration rendue publique la veille de cette manifestation de rue, la coordination est revenue sur «la situation alarmante et critique dans laquelle patauge l'université de Tizi Ouzou, le marasme pédagogique et socio-pédagogique, le refus continuel du débat par le recteur avec les représentants légitimes des étudiants, le climat d'insécurité et de méfiance qui règne au sein de l'université causé par la défaillance du système en place, la clochardisation des campus et des cités universitaires et la répression de tout mouvement estudiantin avec une violence inouïe». Cette manière de protester qui consiste en l'organisation de marches nocturnes n'est pas nouvelle chez les étudiants de l'université de la wilaya qui ont organisé plusieurs actions du genre par le passé afin de dénoncer les mauvaises conditions de vie au niveau de leurs résidences. La dernière en date remonte au début du mois en cours, lorsque des étudiants résidant à la cité universitaire de Boukhalfa, dans la banlieue de Tizi Ouzou, ont organisé dans la soirée du 1er février une marche nocturne depuis leur résidence jusqu'au centre-ville. Une manifestation qui avait drainé des centaines d'étudiants dont ceux de la résidence universitaire de Hasnaoua.