La question du remaniement du gouvernement est sur toutes les lèvres dans les salons feutrés de la capitale depuis l'adoption de la nouvelle Constitution le 7 février. Quand le remaniement aura-t-il lieu ? Qui sera le futur Premier ministre ? Le Président renouvellera-t-il sa confiance à Abdelmalek Sellal ? Actuellement, les spéculations vont bon train. Les suppositions et la guerre des tranchées entre les deux principaux partis au pouvoir (le FLN et le RND) aussi. Les folles rumeurs qui donnent Ahmed Ouyahia comme successeur à Abdelmalek Sellal affolent au sein du FLN. La disparition des radars du patron du parti majoritaire qui a proféré des menaces à peine voilées contre toute volonté de désigner un Premier ministre qui ne soit pas issu de son parti, promettant même de s'occuper d'Ahmed Ouyahia que la rumeur a déjà installé dans ses nouvelles fonctions de chef de l'Exécutif, a un peu apaisé les tensions. Mais pas suffisamment. Certains responsables de l'ex-parti unique continuent d'exercer des pressions pour amener Bouteflika à nommer un cadre du FLN pour succéder à Sellal, à défaut de reconduire celui-ci. «Mieux vaut rendre effectif le fonctionnement du Parlement avec ses deux Chambres, renforcer les institutions de l'Etat et garantir la stabilité de la société, plutôt que de nommer quelqu'un qui trouvera des difficultés au niveau du Parlement», a lancé, dimanche, Sadek Bouguetaya, membre du bureau politique dans le plateau de l'Entv. Comprendre : la majorité parlementaire du FLN bloquera un éventuel Premier ministre qui ne soit pas issu de ses rangs. Et si Bouteflika nommera un homme étranger au FLN à la tête du gouvernement ? «Je ne pense pas à cette supposition. Mais si tel serait le cas, on respectera son choix», répond Hocine Khaldoune, chargé de communication du FLN, soulignant que les propos de Bouguetaya n'engagent pas le parti «car il n'est pas mandaté pour parler en son nom». Contacté par nos soins, Hocine Khaldoune se demande pourquoi faire fixation sur Ouyahia, estimant qu'il s'agit là d'une manœuvre médiatique plus que politique. «Le président de la République est le président de notre parti. On en est fiers et on lui fait confiance», a ajouté notre interlocuteur, tout en précisant que la majorité parlementaire est acquise au chef de l'Etat. Il réitérera la demande de son parti qui réclame que le gouvernement soit issu de la majorité parlementaire. Khaldoune souligne, toutefois, qu'il était trop tôt de parler de consultations autour du prochain Premier ministre, tant que la nouvelle Constitution n'est pas encore entrée en vigueur. Au RND, aussi, on dit se soumettre à la volonté et au choix du Président. Ce qui est sûr, c'est que le Premier ministre ne démissionnera pas, suite à l'adoption de la nouvelle Constitution qui fait obligation au président de la République de consulter la majorité parlementaire, avant de nommer le Premier ministre. «La question du changement du gouvernement relève exclusivement des prérogatives du président de la République et c'est à lui de juger s'il est nécessaire de le changer ou pas», avait déclaré Sellal le 7 février dernier. Certaines sources évoquent, en revanche, un léger remaniement juste après la publication de la nouvelle Constitution au Journal officiel au plus tard le 7 mars. «Le sort de Saâdani est scellé» Depuis le 3 février, date de la réunion des deux groupes parlementaires du FLN en prévision de l'adoption de la Constitution, le secrétaire général du parti, Amar Saâdani, a disparu des radars. Il n'a fait aucune déclaration après le vote du projet. Selon certaines sources, Amar Saâdani qui se trouve à l'extérieur du pays est en véritable disgrâce. L'entourage du Président serait en colère noire contre ses dernières sorties, notamment ses attaques contre le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, et son opposition à l'article 51 de la Constitution. «Son sort est scellé», indique un membre du comité central du parti. Notre source ajoute qu'il reste juste de trouver le mécanisme pour l'écarter de la tête du parti. Ramené pour une mission bien précise, à savoir solder les comptes avec le DRS et son ancien patron, le général Toufik, et faire la promotion du 4e mandat de Bouteflika, Saâdani n'a plus aucun rôle à jouer. «Lui-même n'a jamais conçu son poste de secrétaire général du parti comme une fonction à assumer, mais juste un rôle à jouer. Son rôle semble être terminé», précise notre source.