Notre position au FLN, de la base au secrétaire général, est que nous refusons que monsieur Ahmed Ouyahia soit désigné comme Premier ministre.» Sadek Bouguettaya, membre du bureau politique du vieux parti, n'y va pas par quatre chemins. Dans une déclaration à El Bilad TV jeudi 11 février au soir, le chargé de l'organique du FLN n'a pas hésité à proférer des menaces face aux supputations algéroises évoquant Ouyahia, directeur de cabinet à la Présidence et patron du RND, comme prochain Premier ministre. «Mieux vaut rendre effectif le fonctionnement du Parlement avec ses deux Chambres, renforcer les institutions de l'Etat et garantir la stabilité de la société plutôt que de nommer quelqu'un qui trouvera des difficultés au niveau du Parlement», déclare Bouguettaya qui tient à rappeler que le FLN est majoritaire dans l'assemblée. Le cadre FLN insiste sur le fait que «Abdelmalek Sellal est un militant du FLN et nous sommes la majorité au Parlement».«Le président de la République, président du parti, a assez d'intelligence politique pour choisir celui qui garantira la stabilité», a conclu Bouguettaya. «C'est du chantage, ça nous rappelle le FIS qui disait ‘‘c'est moi ou c'est le chaos'', s'insurge un haut cadre du FLN, proche de la présidence de la République. Comment Saadani, qui a été nommé à son poste de secrétaire général du FLN par Bouteflika, ose faire du chantage sur la stabilité du pays en envoyant un tel message au Président ? C'est inacceptable. C'est quoi le message ? Ils vont brûler le pays pour les beaux yeux de Saadani ?! Encore une fois, il est allé trop loin.» L'habitué de Zéralda rappelle les dernières boutades de Saadani : «Son opposition surprenante à l'article 51, ses paroles indignes d'un chef de parti majoritaire contre Ouyahia en lui promettant qu'il va ‘‘s'occuper de lui'' après le vote de la Constitution, ses ambitions présidentiables qu'il ne cache plus en cercle restreint avec ses amis de la ‘‘chkara'' du parti. Saadani doit comprendre que c'est Bouteflika qui tient à maintenir les équilibres entre les partis majoritaires, c'est le Président qui décide, pas lui !» Un autre proche de la Présidence s'enflamme : «D'ailleurs, il faut rappeler qu'Ahmed Ouyahia Premier ministre n'est qu'une spéculation. Bouteflika prend son temps pour mener la suite des opérations après l'adoption de la loi sur l'amendement constitutionnel et, pour le moment, l'option de Ouyahia Premier ministre n'existe pas encore sur ses tablettes. Je rappelle encore une fois que Bouteflika a toujours protégé les équilibres : quand Messaâdia du FLN était président du Sénat, le chef de gouvernement était RND, en l'occurrence Ouyahia. Bouteflika ne va pas désigner des membres du FLN au Parlement, au Sénat et au poste de Premier ministre.» Pourquoi une telle poussée de fièvre ? Plusieurs pistes sont avancées : d'abord, des ambitions de candidat présidentiel affectant Saadani. «Un syndrome incurable qui touche souvent les patrons du FLN à un moment ou à un autre : de Benhamouda à Benflis, ce syndrome a fait des dégâts», ironisait déjà il y a deux semaines un cadre du vieux parti. Ensuite, selon un dirigeant du RND, le FLN voudrait faire pression pour avoir plus de postes ministériels : «Saadani demande le maximum afin d'avoir quelques postes au gouvernement en plus. Ce sont des postes qui se négocient très cher en plus. Je me demande pourquoi. Quatorze ministres FLN ne lui suffisent-ils pas ?» Dernière piste : «Il sent qu'il est en fin de mission, après avoir été utilisé pour pourfendre le DRS et créer ce semblant de guerre entre Bouteflika et Mediène, Saadani comprend que la fin est proche, déclare un sherpa de la Présidence au FLN.