L'euro s'échangeait hier au taux de 107, 81 DA dans les banques algériennes, confirmant la dépréciation du dinar amorcée depuis décembre 2008. Ce qui présente un facteur de dégradation du pouvoir d'achat, sachant que les importations de l'Algérie sont honorées principalement en monnaie européenne. Dans la dernière note de cotation hebdomadaire des billets de banque et des chèques de voyages, le taux officiel de l'euro est proche de celui pratiqué sur le marché parallèle, où il est coté à 125 DA. Ce taux est jugé élevé par les économistes qui ne cachent pas leurs craintes quant aux retombées négatives sur l'économie nationale en cas de persistance de cette tendance haussière de la monnaie européenne. Les répercussions se feront sentir sur le commerce extérieur et sur les prix des produits locaux, nous a expliqué hier Abdelmalek Serrai, expert international. «Un euro échangé à 108 DA sur le marché officiel, c'est énorme», a-t-il fait remarquer, en expliquant que cela signifie que «nous avons enregistré une dépréciation en douceur du dinar, pour ne pas créer de choc monétaire et financier important». Les exportations algériennes sont libellées à 67% en dollar (constituées essentiellement des hydrocarbures) et l'essentiel des importations sont facturées en euro, a-t-il précisé, expliquant que l'Algérie est desservie par le taux de change entre l'euro et le dollar. A chaque fois que la valeur de l'euro augmente, l'Algérie accuse des pertes en matière de balance des payements et de commerce extérieur. En plus d'un amenuisement des moyens de payement, le fait que l'essentiel des importations des produits de consommation soit effectué à partir de l'Europe, les prix locaux augmentent, engendrant une baisse du pouvoir d'achat. L'autre conséquence évoquée par l'expert concerne le risque de voir le «taux d'inflation augmenter», alimenté par l'envolée de l'euro par rapport au dollar. Diversifier les monnaies d'échange : une urgence Pour cette raison, une diversification des monnaies d'échange est recommandée. Le fait d'acheter en dollar permettrait d'avoir des produits importés moins chers. Pour atténuer l'impact de la hausse de l'euro, il faudrait également, selon notre source, maximiser la diversification du commerce extérieur, acquérir les équipements en dehors de la zone euro et orienter les importations vers d'autres régions comme le Japon, la Corée, le Canada et les Etats-Unis. Une relance rapide du secteur de la production est préconisée car, à cause d'une industrie moribonde, le dinar risque encore de perdre de sa valeur. La santé de la monnaie nationale est liée à la production industrielle, agricole et aux réserves d'or, a-t-il expliqué. L'injection des financements dans ces secteurs permettra de diminuer les importations et de maintenir la valeur de la monnaie nationale. La poursuite de la hausse de l'euro risque aussi d'occasionner un renchérissement de nombreux produits à la consommation, importés principalement d'Europe, comme les médicaments, la poudre de lait et les véhicules.