La chaîne de télévision syrienne a montré des images de liesse populaire, fêtant le cessez-le-feu instauré depuis vendredi à minuit. Des années de guerre ont éreinté ce peuple dont le pays affronte, depuis longtemps, des organisations terroristes, dont Daech et Djabhat Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda. L'armée de l'air russe qui affronte ces organisations terroristes a arrêté ses bombardements en Syrie en conformité avec l'accord de cessez-le-feu mis au point par Moscou et Washington et soutenu par l'ONU, a indiqué hier l'état-major russe. «L'armée de l'air russe a totalement arrêté ses bombardements dans la zone verte, c'est-à-dire dans les zones où se trouvent les groupes armés qui nous avaient préposé une demande de cessez-le-feu», a indiqué à la presse un haut responsable de l'état-major, au sujet de l'accord entré en vigueur samedi et qui a fait taire les armes sur une partie du territoire syrien pour la première fois depuis mars 2011. La Russie qui fait preuve de bonne volonté, cherche à donner toutes ses chances au cessez-le-feu. Accueilli avec beaucoup d'espoir par le peuple syrien, il a, malheureusement, été enfreint hier en milieu de journée quand plusieurs obus sont tombés sur Damas, a indiqué l'agence officielle Sana. «Des groupes terroristes à Douma et Jobar (des secteurs à l'est de Damas) ont tiré plusieurs obus contre des quartiers résidentiels de la capitale», a précisé une source militaire citée par l'agence sans faire état de victime. Au moins deux personnes ont été tuées dans l'explosion d'une voiture piégée à l'entrée d'une ville dans la province de Hama en Syrie, a rapporté la télévision syrienne, hier. Cette attaque intervient quelques heures après l'instauration d'un arrêt des hostilités prévu par un plan conjointement soutenu par les Etats-Unis et la Russie. L'organisation terroriste Djabhat Al Nosra a appelé, la veille de l'instauration du cessez-le-feu, au refus de l'arrêt des hostilités, demandant aux autres organisations armées d'intensifier l'agression contre ce pays. Daech et Djabhat Al Nosra n'étant pas concernés par la trêve, puisque considérées comme organisations terroristes par l'ONU. La trêve, soutenue par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, est la première de cette ampleur dans un conflit qui a fait près de 280 000 morts depuis 2011, déplacé la moitié de la population. Dans ce conflit s'affrontent une multitude d'acteurs, syriens et internationaux. Une centaine de factions rebelles et les forces kurdes se sont engagées à respecter l'accord de cessez-le-feu conclu sous l'égide de la Russie et des USA.L'heure est maintenant à l'aide humanitaire qui devrait être acheminée aux populations dans le besoin. L'organisation terroriste Daech a encerclé de nombreux hameaux en Syrie et perpétré des massacres. CICR : «Mettre un terme à la guerre» Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, a appelé instamment les parties au conflit syrien à permettre l'acheminement de secours à tous ceux qui en ont besoin et à poursuivre les efforts en vue d'une solution politique apte à mettre un terme aux souffrances de millions de personnes. Il a souligné la nécessité d'un effort concerté de tous les acteurs susceptibles «d'exercer une influence» pour que ce conflit dévastateur, qui entre dans sa sixième année, prenne fin. «Après cinq années de combats, la guerre en Syrie est le conflit qui aura marqué ce début de XXIe siècle, a déclaré M. Maurer. C'est un conflit très complexe et changeant, avec une multitude d'acteurs armés et d'énormes quantités d'armes. Dans beaucoup de régions, les infrastructures civiles, comme les établissements de santé ou les installations d'approvisionnement en eau et en électricité, ont été détruites ou gravement endommagées. Les habitants doivent endurer d'immenses souffrances et sont contraints de fuir de chez eux par millions pour échapper aux atrocités de la guerre urbaine», écrit-il dans un document de la CICR adressé à notre rédaction. M. Maurer vient d'achever une visite de cinq jours en Syrie, au cours de laquelle il a rencontré de hauts responsables syriens ainsi que des dirigeants et des volontaires du Croissant-Rouge syrien, est-il indiqué dans ce texte de la CICR. Au cours de ce voyage, il s'est rendu à Al-Waer et dans la vieille ville de Homs, ainsi qu'à Yelda, Babila et Beit Sahem (Damas Campagne), où des dizaines de milliers de personnes doivent lutter pour assurer leur survie. A Al-Waer, Yelda et Babila, il s'est entretenu avec des civils touchés par le conflit, des chefs communautaires et des éléments de l'opposition armée. Il a insisté sur le droit des blessés et des malades à recevoir des soins médicaux et sur l'obligation qui incombe à toutes les parties engagées dans les hostilités à respecter les personnels de santé.